jeudi 29 mars 2007

Date de péremption

Y a un truc qui me chiffonne, c'est le nombre de personnes qui veulent faire du cinéma et qui ne s'intéressent pas aux films. Comme si c'était accessoire... Avec la démocratisation des caméras, tout le monde peut faire un film et devenir cinéaste. Il y a même un festival des films pour téléphones portables. Donc pas besoin de connaître l'Histoire du cinéma sur le bout des doigts sauf si on veut jouer au Trivial Poursuite...
Je ne veux pas mener un combat d'arrière-garde, mais j'ai l'impression qu'un film de moins de 5 ans est considéré comme un "vieux film". Et je ne parle pas de la Préhistoire du cinéma : les années 70. Ah bon, il existait un cinéma muet ? Les films ont une durée périssable et une date limite de consommation au-delà de laquelle ils ne sont plus comestibles. Nous sommes dans une société de flux, pour parler en termes télévisuels (beurk !). La rotation hebdomadaire des copies est telle qu'on ne se souvient plus des films sortis à l'affiche il y a seulement trois semaines. Le temps se réduit, tout comme la mémoire...

Pourtant, il ne vient à l'idée de personne de dire qu'il y a de "vieux" livres ou de "vieux" tableaux. On reconnait une histoire de l'art. On admet qu'il faut connaître la différence entre les colonnes corinthiennes et les colonnes doriques, ainsi que Albert Speer, Gaudi, Le Corbusier ou Frank Lloyd Wright (voir Le Rebelle de King Vidor qui s'inspire de la vie de ce grand architecte) lorsque l'on veut causer architecture. Et ne parlons pas de la musique !!! En revanche, pour le cinéma, il n'y a ni mémoire, ni héritage, ni Histoire qui tiennent... Welles serait donc une marque de collants et Vidor un nettoyant pour les sols... Scorsese, Kurosawa, Kubrick, Melville, Fritz Lang, Tarantino, De Palma, Sergio Leone ont tous perpétué une certaine tradition, fait partie d'une chaîne, alors que leur oeuvre est éminemment (qui vient d'éminence, et non pas d'EMINEM) personnelle et qu'ils ont à leur tour inspiré d'autres auteurs.
Ce n'est pas parce qu'il s'inscrit à présent dans un commerce (pour reprendre une expression de Pascal Mérigeau dont je parlerai dans un autre post) qu'il faut faire table rase sur tout ce qui a déjà existé. Le cinéma doit être une passion avant d'être un métier, une industrie, un commerce, même si c'est aussi un métier, une industrie, un commerce...
C'est dit !

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