vendredi 30 mars 2007

Viscontithèque


Il paraît que le passage obligé pour un cinéphile digne de ce nom, c'est la Cinémathèque. C'est le temple du film classique, de la découverte de la perle inestimable. Elle réhabilite des cinéastes méprisés en leur temps en leur conférant des lettres de noblesse (Dario Argento, Tinto Brass,...). Le programme était attendu avec impatience par des amateurs éclairés qui cochait les films à voir sur le programme édité bimensuellement. Les hommages aux grands cinéastes avec leur cortège de films (il y avait un côté Panthéon : "Entre ici, Frank Borzage, avec ton cortège de pellicule...") étaient l'occasion de voir ou revoir certains titres qu'il faudrait attendre la prochaine projection dans une autre rétrospective pour apprécier à nouveau. Parfois, il y avait des conférences et des présentations des films par des témoins ayant participé à l'aventure ou par des critiques de cinéma. Des habitués s'échangeaient des tuyaux sur les oeuvres à voir. Au dernier rang, on entendait le bruit du projecteur. Bref, un pur bonheur...
Sauf qu'en 15 ans de cinéphilie active, je n'y ai mis les pieds que 4 fois. Et encore, c'était pour voir des films du même réalisateur : Luchino Visconti. Pendant longtemps, le seul film que j'ai vu à la Cinémathèque était Les Nuits Blanches. Un ami m'en avait parlé lors d'un passage au cinéclub de Claude-Jean Philippe (que devient-il ?) sur Antenne 2 (putain, je suis si âgé que ça pour dire que j'ai connu Antenne 2, FR3, La 5 ou TV6 !!! Freaky !!!) Et j'y suis allé à la Cinémathèque de République (il paraît qu'un vrai cinéphile est capable de dire dans quelle salle il a vu tel film, car l'expérience de cinéma est difficilement dissociable du lieu où le film a été vu, mais moi, c'est différent, je suis maniaque... Je suis sûr qu'en faisant un effort, je me souviendrai de la date et de l'heure de la séance... Je m'effraie parfois.). Je ne pense pas que j'aurais autant apprécié ce film si je l'avais vu dans d'autres conditions. Cette magie qui en émanait, ce pont où Jean Marais attendait Maria Schell avec une posture de statue grecque dans la scène finale, ces décors de théâtre sublimés par la lumière de Giuseppe Rotunno, cette musique de Nino Rota qui m'ensorcelle encore aujourd'hui, Marcello en amoureux sincère encore vierge des instruments de séduction qui ont tellement fait pour sa réputation qu'on en oublie à quel point il peut être touchant, cet humour fin et léger (la grand-mère du personnage joué par Maria Schell est drôle et attendrissante),... Même maintenant, je suis pris de frissons en me remémorant de l'euphorie qui m'habitait à la sortie de la projection. Je suis retourné voir ce film plusieurs années plus tard avec ma meilleure amie avec qui je voulais partager ce film. Où croyez-vous donc que je l'emmenasse ? Bingo ! A la Cinémathèque du Palais de Chaillot où je pénétrais pour la première fois à 27 ans et des brouettes... Drôle de sensation : comme si je rencontrais un membre de ma famille après une longue période d'absence. Le film n'a pas changé, je me souvenais de pratiquement toutes les scènes, mais quelque chose d'indéfinissable venait apporter une touche de nostalgie. J'ai profité de la rétrospective Visconti de l'époque pour voir des raretés comme Les Sorcières, film collectif dans lequel il signait un sketch (curiosité : un court de Vittorio de Sica avec Clint Eastwood) et L'Etranger, d'après Camus, avec Marcello, longtemps invisible sur les écrans. Je peux me vanter d'avoir vu tous les Visconti, exceptés le documentaire sur la quête de l'acteur de Mort à Venise (A la recherche de Tadzio) et un sketch d'un autre film collectif intitulé Nous les femmes (à ne pas confondre avec la chanson de Julio Iglesias).
Je voulais enchaîner sur mes impressions sur la Nouvelle Cinémathèque (celle de la rue de Bercy), mais pour l'instant je préfère rester sur la grâce des Nuits blanches...
Merci de m'avoir lu et à très bientôt.

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