samedi 31 mars 2007

Que ceci soit écrit et accompli

Cher lecteur(trice), tu as dû remarquer que je convoquais souvent des souvenirs liés à l'époque dorée de ma prime jeunesse. A ce propos, trois films m'ont particulièrement marqué à l'âge où je m'en remettais encore à mes parents pour choisir les vêtements que je portais (j'ai sciemment égaré de nombreuses cagoules et les chaussures à scratch faisaient de moi la risée des cours de récréations. Et que dire des gilets bariolés qui me faisaient ressembler à un épouvantail !!!) A l'intérieur de ces trois films, certaines phrases ont eu sur moi l'effet d'un tsunami et m'ont poursuivi pendant longtemps. Même sorties de leur contexte, elles ont le même impact qu'un direct du gauche de Rocky Balboa (ah bon, il était droitier ?)

Le premier est Les Dix commandements de Cecil B. De Mille. J'étais impressionné par Yul Brynner qui incarnait le pharaon Ramses II. Il ponctuait toutes ses phrases d'une sentence d'un ton définitif : "Que ceci soit écrit et accompli." Fallait pas l'emmerder, le bougre, sinon il allait te dire un truc qui tue, l'écrire et ça allait être accompli sur le champ car c'est le pharaon d'Egypte quand même. Il a une armada de dieux à tête de serpent et à corps de chien à disposition pour tout éventuel contrevenant.

Tout aussi définitive était la sentence de Sentenza, alias Lee van Cleef, dans Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone. Le cynisme fait homme. Son visage taillé à la serpe et ses petits yeux diaboliques donnaient déjà envie de prendre la poudre d'escampette à son apparition. Sa phrase favorite : "Je finis toujours le travail pour lequel on me paie." Qu'est-ce que j'ai bassiné mon entourage à grands coups de "Je finis toujours le travail pour lequel on me paie" !!! J'ai mis cette phrase à toutes les sauces et ça fait toujours son effet...

Autre acteur que j'adore et qui a le point commun avec les deux autres d'avoir une vraie gueule : Anthony Quinn. Dans Lawrence d'Arabie, chef d'oeuvre de David Lean, il interprète Auda Abu Tayi, le chef de la tribu assoiffé d'argent des Howeitat que Lawrence veut rallier à sa cause pour reprendre Aqaba aux Britanniques. Il utilise un stratagème ingénieux pour le convaincre. En guise de réponse et devant le machiavélisme de Lawrence, Auda lui sort un aphorisme de derrière les fagots : "Ta mère s'est accouplé avec un scorpion." En VO, ça en jette aussi : "Thy mother mated with a scorpion". Franchement, c'est du grand art ! Il aurait tout aussi bien pu lui dire que Lawrence l'avait roulé dans la farine et qu'il le tient par les cojones (ça fait viril d'employer le mot espagnol, alors qu'en français, la connotation est plutôt vulgaire...) Ben non ! Il use d'une métaphore bien placée qui en dit autant sur la personne qui prononce la phrase que sur le destinataire de ladite phrase.

Les trois figures masculines de ma jeunesse furent donc un pharaon dictateur, un tueur de sang froid et un chef de guerre mercenaire... Et vous avez vu leur tronche ? On n'en fait plus des comme ça... Quel exemple ! Je me demande comment j'ai fait pour ne pas mal tourner...

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