Remontons les Champs Elysées
Grand événement dans ma vie de cinéphile : j'ai enfin vu un film à la Cinémathèque Française... Je n'y avais jamais mis les pieds depuis son installation à Bercy, autrement que pour aller à la librairie (je recherche d'ailleurs toujours activement les mémoires du réalisateur français Edmond T. Gréville intitulées 35 ans dans la jungle du cinéma. Un forte récompense sera attribuée à quiconque me fournira des éléments permettant l'arrestation de cet ouvrage épuisé...) et aux toilettes (une envie pressante m'a un jour saisi alors que je me trouvais dans le quartier). mais pour voir un film, niet ! Je n'allais déjà quasiment jamais à Chaillot, ni aux Grands Boulevards... alors Bercy, vous pensez bien que c'est pas mon terrain de chasse. Inaugurée en septembre 2005, des rétrospectives consacrées à David Cronenberg, Jean Renoir, Douglas Sirk, Edmond T Gréville, Sidney Lumet, George Cukor, Anthony Mann, Roberto Rossellini, Terence Fisher, Preston Sturges ou King Vidor ont été organisées sans que je daigne me déplacer dans cet immeuble dessiné par Frank Gehry. Tu parles d'un cinéphile !
J'ai donc fait mon baptême de la Cinémathèque en ce jour d'automne. Pour me "dépuceler", j'ai visionné un film de Sacha Guitry (que les esprits mal tournés ne mettent pas en doute une orientation sexuelle exclusivement tourné vers le sexe opposé, à savoir ces femmes que Guitry savait si bien séduire et railler) : Remontons les Champs Elysées. Je m'étais fait la promesse de voir des films de Guitry dans cet écrin. Comme je ne fais pas de politique, j'ai donc tenu ladite promesse (de toute façon, si je ne l'avais pas tenue, je n'aurais à rendre de comptes à personne d'autre qu'à moi-même). Ce fut une expérience rafraîchissante et rajeunissante... En faisant la queue devant la salle Henri Langlois, je me suis demandé si je n'étais pas au service gériatrie de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Le nombre de cheveux blancs, de dos voûtés et de bas varices était impressionnant. Si je n'avais pas un profond respect pour le troisième (ou quatrième) âge, j'aurais dit que ça sentait un peu la naphtaline... Du coup, je me sentais bien plus jeune, avec ma trentaine fringante, moi l'enfant du vingtième siècle finissant côtoyant des personnes du vingtième siècle balbutiant... Dire que je me plaignais devant mon miroir des trois poils blancs qui se battent en duel dans mon abondante chevelure bouclée de couleur chataigne (j'utilise le shampooing Ultra Doux de Garnier depuis deux mois et je trouve qu'il prend mieux soin qu'Elsève de L'Oréal qui avait tendace à assécher mon cuir chevelu. En revanche, je ne suis pas trop fan de Fructis) Mais j'admire la population âgée... La preuve ? Dans L'Odyssée, un de mes personnages préférés était Nestor, un compagnon d'Ulysse dont la sagesse avait avantageusement survécu au poids des ans. Au moins, je pouvais être sûr de ne pas subir de concurrence déloyale pour faire du charme aux ravissantes ouvreuses (à la Cinémathèque, ce sont des ouvreuses, alors qu'au cinéma, elles se font appeler "hôtesses") qui officiaient dans cet antre de la cinéphilie. Un autre détail capillaire m'a frappé : elles sont toutes brunes. Le règlement intérieur de la Cinémathèque doit spécifier que les blondes ne sont pas admises à travailler en son auguste sein. Si ce n'est pas de la discrimination, cela y ressemble férocement.
Après ces futiles observations, je pénétrais enfin dans la salle Henri Langlois, du nom du fondateur de la Cinémathèque, pour assister à la séance. Belle salle en forme d'amphithéâtre, aux sièges confortables avec de la place pour allonger les jambes (à croire qu'ils ont étudié l'aménagement en fonction d'un public d'octogénaires) Premier choc : pas de pub pour la dernière Playstation ou pour les M&M's, ni bandes annonces assourdissantes des derniers blockbusters à venir. Juste la surface blanche d'un écran dissimulé derrière un rideau bleu nuit...
Un mot sur le film. Remontons les Champs Elysées est l'ancêtre des fresques historiques de la fin de la carrière de Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté et Si Paris nous était conté. Le maestro compose une libre adaptation pleine de tendresse de l'avenue des Champs Elysées depuis sa création au XVIIème siècle jusqu'à nos jours (du moins jusqu'à 1938, date de la réalisation du film). Les traits d'esprit sont nombreux et les dialogues prennent parfois un sens savoureux si on les remet dans un contexte plus contemporain. Ainsi, le narrateur prononce au sujet de Concini, maréchal particulièrement détesté chargé par Marie de Médicis de tracer à travers bois d'un chemin menant du château de Versailles au Louvre, une phrase que n'aurait pas renié certains responsables politiques actuels : "La France a la fâcheuse tendance de garder auprès d'elle des étrangers dont elle pourrait aisément se passer" Sacha Guitry, qui interprète ici plusieurs rôles (comme dans un de ses films historiques précédents construits sur la même structure, Les Perles de la Couronne) porte comme à son habitude les habits du narrateur, un professeur de mathématique affublé d'une coiffure péroxydée du plus bel effet...
Je ne pense pas que j'attendrais d'avoir des cheveux blancs pour retourner à la Cinémathèque...
J'ai donc fait mon baptême de la Cinémathèque en ce jour d'automne. Pour me "dépuceler", j'ai visionné un film de Sacha Guitry (que les esprits mal tournés ne mettent pas en doute une orientation sexuelle exclusivement tourné vers le sexe opposé, à savoir ces femmes que Guitry savait si bien séduire et railler) : Remontons les Champs Elysées. Je m'étais fait la promesse de voir des films de Guitry dans cet écrin. Comme je ne fais pas de politique, j'ai donc tenu ladite promesse (de toute façon, si je ne l'avais pas tenue, je n'aurais à rendre de comptes à personne d'autre qu'à moi-même). Ce fut une expérience rafraîchissante et rajeunissante... En faisant la queue devant la salle Henri Langlois, je me suis demandé si je n'étais pas au service gériatrie de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Le nombre de cheveux blancs, de dos voûtés et de bas varices était impressionnant. Si je n'avais pas un profond respect pour le troisième (ou quatrième) âge, j'aurais dit que ça sentait un peu la naphtaline... Du coup, je me sentais bien plus jeune, avec ma trentaine fringante, moi l'enfant du vingtième siècle finissant côtoyant des personnes du vingtième siècle balbutiant... Dire que je me plaignais devant mon miroir des trois poils blancs qui se battent en duel dans mon abondante chevelure bouclée de couleur chataigne (j'utilise le shampooing Ultra Doux de Garnier depuis deux mois et je trouve qu'il prend mieux soin qu'Elsève de L'Oréal qui avait tendace à assécher mon cuir chevelu. En revanche, je ne suis pas trop fan de Fructis) Mais j'admire la population âgée... La preuve ? Dans L'Odyssée, un de mes personnages préférés était Nestor, un compagnon d'Ulysse dont la sagesse avait avantageusement survécu au poids des ans. Au moins, je pouvais être sûr de ne pas subir de concurrence déloyale pour faire du charme aux ravissantes ouvreuses (à la Cinémathèque, ce sont des ouvreuses, alors qu'au cinéma, elles se font appeler "hôtesses") qui officiaient dans cet antre de la cinéphilie. Un autre détail capillaire m'a frappé : elles sont toutes brunes. Le règlement intérieur de la Cinémathèque doit spécifier que les blondes ne sont pas admises à travailler en son auguste sein. Si ce n'est pas de la discrimination, cela y ressemble férocement.
Après ces futiles observations, je pénétrais enfin dans la salle Henri Langlois, du nom du fondateur de la Cinémathèque, pour assister à la séance. Belle salle en forme d'amphithéâtre, aux sièges confortables avec de la place pour allonger les jambes (à croire qu'ils ont étudié l'aménagement en fonction d'un public d'octogénaires) Premier choc : pas de pub pour la dernière Playstation ou pour les M&M's, ni bandes annonces assourdissantes des derniers blockbusters à venir. Juste la surface blanche d'un écran dissimulé derrière un rideau bleu nuit...
Un mot sur le film. Remontons les Champs Elysées est l'ancêtre des fresques historiques de la fin de la carrière de Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté et Si Paris nous était conté. Le maestro compose une libre adaptation pleine de tendresse de l'avenue des Champs Elysées depuis sa création au XVIIème siècle jusqu'à nos jours (du moins jusqu'à 1938, date de la réalisation du film). Les traits d'esprit sont nombreux et les dialogues prennent parfois un sens savoureux si on les remet dans un contexte plus contemporain. Ainsi, le narrateur prononce au sujet de Concini, maréchal particulièrement détesté chargé par Marie de Médicis de tracer à travers bois d'un chemin menant du château de Versailles au Louvre, une phrase que n'aurait pas renié certains responsables politiques actuels : "La France a la fâcheuse tendance de garder auprès d'elle des étrangers dont elle pourrait aisément se passer" Sacha Guitry, qui interprète ici plusieurs rôles (comme dans un de ses films historiques précédents construits sur la même structure, Les Perles de la Couronne) porte comme à son habitude les habits du narrateur, un professeur de mathématique affublé d'une coiffure péroxydée du plus bel effet...
Je ne pense pas que j'attendrais d'avoir des cheveux blancs pour retourner à la Cinémathèque...
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