Balle de match
Souvent, des amis me recommandent des films et je développe une résistance. "Tu dois absolument voir ce film, c'est un pur chef d'oeuvre" Et je repousse constamment. Petite parenthèse médico-psychologique : en regardant le "Magazine de la santé" de Michel Cymès sur La Cinquième à l'heure du déjeuner (et oui, je regarde des opérations à coeur ouvert en dégustant un pavé de rumsteack à point !), j'ai appris que le fait de repousser constamment les choses au lendemain porte le nom scientifique de procrastination. Je me suis découvert procrastineur en chef, quatre étoiles au Guide Michelin du repousseur de choses importantes à plus tard. Au-dessus de mes armoiries figure deux célèbres maximes d'Alphonse Allais : "Ne fais pas le lendemain ce que tu peux faire le surlendemain" et sa petite soeur "Si on ne travaillais pas le lendemain des jours de repos, la fatigue serait vaincue." Pour en revenir à mon propos, il m'arrive fréquemment de ne pas voir les choses qu'on me recommande, pas par défi ou manque d'envie, mais par flemme, peur d'être déçu par rapport à une unanimité que je redoute (j'ai toujours préféré ce qui divise à ce qui rassemble superficiellement, ce qui fait débat au consensus) et surtout en raison d'un orgueil mal placé qui fait que si on me recommande un film, j'aurais été privé du plaisir de sa découverte. En plus, je me mets inconsciemment dans la position psychologique de ne pas adhérer... Mais si malgré tous les garde-fous, j'apprécie... alors-là, je défends bec et ongles (même si je n'ai pas de becs et que je me coupe régulièrement les ongles pour d'évidentes raisons d'hygiène)
Dès sa sortie, tout le monde était dithyrambique au sujet de Match point, de Woody Allen, qui est sorti dans les salles obscures à un moment où j'avais énormément de boulot (oui, c'est déjà arrivé) Mon meilleur ami dont les conseils sont souvent judicieux m'a dressé un portrait élogieux du film. Une autre amie m'a également tanné pour que je le vois. Un groupe de pression s'est constitué pour que je visionne enfin ce film, comme s'il en allait de l'intérêt supérieur de la Nation en péril. Mais rien à faire... Pourtant, le DVD trônait sur mon bureau en me narguant. L'aguicheuse Scarlett Johansson me donnait l'impression de me faire des clins d'oeil complice pour m'inviter à voir sa performance dans le film. J'entendais à tout-va des phrases du style : "Tu verras, ça n'a rien à voir avec un Woody Allen traditionnel" J'avais pourtant pris la décision après l'horrible pensum représenté par la projection d'Anythong else (2003) de ne pas assister à la déchéance d'un cinéaste que j'admire. Son exil londonien devait lui apporter un second souffle, en traitant des thèmes plus noirs et cyniques (que ceux qui pensent que Woody Allen n'est qu'un clown complexé hypocondriaque érotomane devraient regarder Interiors ou Another woman qui ferait presque passer Ingmar Bergman pour Jerry Lewis...).
Après avoir assisté à la projection de son dernier film Le Rêve de Cassandra, je me suis enfin décidé à voir Match point. Je voulais voir le film matrice du drame cynique et arriviste allenien. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son dernier opus souffre de la comparaison. Match point m'apparaît en effet comme un film intelligent, à défaut d'être d'une grande subtilité, et digne d'intérêt. La mécanique de l'arrivisme est décrite avec beaucoup de sensibilité et les personnages sont remarquablement définis. En outre, il prend le temps d'installer son histoire et arrive à convaincre de l'inéluctabilité des actions du personnage principal. Et surtout, pas de happy end... Le crime paie. La Providence récompense ceux qui la tentent, même pour des raisons condamnables.
A contrario, Le Rêve de Cassandra, qui reprend pourtant le même schéma, s'essouffle rapidement et ne soutien pas la comparaison avec son aîné. La musique de Philip Glass essaie d'insister sur la parenté avec Hitchcock, mais devient redondante. Espérons que l'exil espagnol de Woody Allen lui permettra de se renouveler et de réaliser un film aussi surprenant que Match point. Et cette fois, je n'attendrai pas avant de voir ce film...
Dès sa sortie, tout le monde était dithyrambique au sujet de Match point, de Woody Allen, qui est sorti dans les salles obscures à un moment où j'avais énormément de boulot (oui, c'est déjà arrivé) Mon meilleur ami dont les conseils sont souvent judicieux m'a dressé un portrait élogieux du film. Une autre amie m'a également tanné pour que je le vois. Un groupe de pression s'est constitué pour que je visionne enfin ce film, comme s'il en allait de l'intérêt supérieur de la Nation en péril. Mais rien à faire... Pourtant, le DVD trônait sur mon bureau en me narguant. L'aguicheuse Scarlett Johansson me donnait l'impression de me faire des clins d'oeil complice pour m'inviter à voir sa performance dans le film. J'entendais à tout-va des phrases du style : "Tu verras, ça n'a rien à voir avec un Woody Allen traditionnel" J'avais pourtant pris la décision après l'horrible pensum représenté par la projection d'Anythong else (2003) de ne pas assister à la déchéance d'un cinéaste que j'admire. Son exil londonien devait lui apporter un second souffle, en traitant des thèmes plus noirs et cyniques (que ceux qui pensent que Woody Allen n'est qu'un clown complexé hypocondriaque érotomane devraient regarder Interiors ou Another woman qui ferait presque passer Ingmar Bergman pour Jerry Lewis...).
Après avoir assisté à la projection de son dernier film Le Rêve de Cassandra, je me suis enfin décidé à voir Match point. Je voulais voir le film matrice du drame cynique et arriviste allenien. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son dernier opus souffre de la comparaison. Match point m'apparaît en effet comme un film intelligent, à défaut d'être d'une grande subtilité, et digne d'intérêt. La mécanique de l'arrivisme est décrite avec beaucoup de sensibilité et les personnages sont remarquablement définis. En outre, il prend le temps d'installer son histoire et arrive à convaincre de l'inéluctabilité des actions du personnage principal. Et surtout, pas de happy end... Le crime paie. La Providence récompense ceux qui la tentent, même pour des raisons condamnables.
A contrario, Le Rêve de Cassandra, qui reprend pourtant le même schéma, s'essouffle rapidement et ne soutien pas la comparaison avec son aîné. La musique de Philip Glass essaie d'insister sur la parenté avec Hitchcock, mais devient redondante. Espérons que l'exil espagnol de Woody Allen lui permettra de se renouveler et de réaliser un film aussi surprenant que Match point. Et cette fois, je n'attendrai pas avant de voir ce film...
1 commentaires:
je dirais que le film matrice en question, en matière de désenchantement, c'est plutôt crimes et délits. mais ça se discute.
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