jeudi 5 juillet 2007

Mauvais film

Vendredi dernier il m'est arrivé une chose incroyable. Je me suis retrouvé bloqué en peine nuit dans une gare de banlieue pendant plus de quatre heures en raison d'un incendie d'un campement de gens du voyages qui a endommagé les voies. J'avais l'impression d'être le personnage incarné par Griffin Dunne dans After hours, à qui il n'arrive que des galères au cours d'une nuit particulièrement agitée. je vous reproduis ci-dessous le courrier de protestation que j'ai envoyé à la SNCF.


Objet : Réclamation suite aux événements du 28 juin 2007 sur le RER B

Je me permets de vous adresser ce courrier afin de me plaindre contre la mauvaise gestion des événements ayant eu lieu dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 juin dans la ligne B du RER entre 23h30 et 5h20 du matin.


Après avoir validé mon pass Navigo à 23h30 à la Gare du Nord, je prends tranquillement la rame me conduisant à la gare du Bourget. Un premier ralentissement a eu lieu avant l’arrivée en gare de La Plaine Stade de France. Je pensais qu’il s’agissait d’un problème « habituel » d’exploitation qui sera résolu rapidement. Après un stationnement prolongé en gare de La Plaine, le train repart en ralentissant considérablement avant de s’arrêter en pleine voie pendant de longues minutes. Le conducteur nous livre alors des informations au compte-gouttes avant de nous signaler qu’un incendie ayant endommagé les voies a eu lieu près de la gare de La Courneuve. Il nous a aussi dit qu’un service de bus serait mis en place dans les plus brefs délais. Ce fut une première fausse information à laquelle je ne croyais guère dans la mesure où un service de bus ne se mobilise pas aussi rapidement en pleine nuit en banlieue. Il s’agissait vraisemblablement d’une annonce destinée à calmer les esprits des voyageurs, dont je tiens à signaler la bonne conduite. Le conducteur s’est ensuite rendu sur les lieux de l’incendie afin de s’informer abandonnant ainsi les voyageurs. A son retour, il nous demande de rejoindre la gare de la Plaine en parcourant les voies sur plusieurs centaines de mètres. Or, pour rejoindre les voies, il fallait descendre un dénivelé d’une hauteur d’un mètre recouvert de cailloux. Des personnes âgées et des femmes n’ayant pas de chaussures adaptées ont dû être secourues. Bien que le courant ait été coupé, cette opération fut quelque peu périlleuse, en dehors du manque de crédibilité de la SNCF lors de ces annonces sur le danger comporté par le fait de traverser les voies.
Une fois arrivés en gare de La Plaine, nous étions encore en proie aux annonces contradictoires et mensongères. Aucun officiel de la SNCF ne s’est rendu sur place pour informer et rassurer les voyageurs. Seuls certains membres de la sécurité déjà présents ont malgré eux tenté de s’expliquer, mais ils n’avaient manifestement pas d’informations à nous fournir. Certains voyageurs étaient sortis de la gare dans l’attente d’un hypothétique service de bus, d’autres ont appelé leurs proches (les ont donc sortis de leur lit) ou un taxi afin de regagner leur domicile, un dernier groupe est resté sur le quai de la gare dans l’attente désespérée que le service soit rétabli et que le train stationné à la gare du Nord puisse démarrer après réparation des voies. Certes, ce dernier groupe n’avait pas le choix, mais cela témoigne d’une confiance à la SNCF qui ne peut décemment abandonner des voyageurs au beau milieu de la nuit dans une gare de banlieue. Cette confiance est pour ma part entamée par les annonces mensongères des agents de la SNCF.
Au départ, il y avait environ 400 personnes dans la rame, puis autour d’une centaine de personnes vers deux heures du matin à la gare de La Plaine. Je ne voulais pas déranger en pleine nuit ma famille pour qu’ils viennent me tirer de ce cauchemar. Je décide donc de rester sur place dans l’attente d’un dénouement favorable. Je tenais régulièrement informé de la situation un de mes meilleurs amis plus pour combler la solitude et réaliser que la situation était bien réelle que pour un quelconque secours. Cette situation était d’autant plus irréelle que ce vendredi marquait le jour de mon anniversaire. Ce fait permettait de décrisper la situation et de prendre les choses avec humour. Mais cet humour s’est quelque peu évaporé sous le froid de la gare ouverte aux quatre vents et les regards incrédules de mes compagnons de galère. Tant et si bien que la colère et la frustration commençaient à poindre sous mon masque de contrôle de soi. La fatigue faisait également son apparition altérant mon processus de décision. Je décide néanmoins vers trois heures du matin de quitter la gare de La Plaine pour rentrer chez moi par mes propres moyens avec la sensation d’abandonner mes compagnons de galère. J’appelle donc un taxi devant le Stade de France. Dix minutes pour joindre au téléphone la station G7 et un quart d’heure d’attente du véhicule. Le compteur du taxi affichait déjà 11 euros et je n’avais pas encore fait un mètre. Au total, la course m’a coûté trente euros, soit 40 % du prix de l’abonnement intégral mensuel 3 zones. J’étais si fatigué et soulagé de rentrer enfin chez moi (à trois heures et demie) que j’ai omis de demander un reçu au chauffeur. J’appris le lendemain par la presse qu’une pétition a circulé sur les quais, mais je n’ai pas eu le temps de la signer. Il va de soi, bien entendu, que je me joins complètement à cette démarche.
Je me rétablis à peine du décalage horaire provoqué par cette longue nuit. En découvrant le lendemain (le jour-même devrais-je dire) que mes compagnons d’infortune n’ont été « libérés » que vers cinq heures vingt du matin, un sentiment de colère m’a assailli. Bien que sans emploi actuellement, j’ai perdu une journée de recherche d’emploi pour laquelle les ASSEDIC me verse une allocation de trente euros par jour. En outre, le préjudice subi me contraint à vous réclamer cent euros de dédommagement en plus des frais déboursés pour regagner mon domicile. Je joins à ce courrier un relevé d’identité bancaire, ainsi qu’une copie recto verso de mon pass Navigo.
Je me tiens à votre disposition pour vous apporter tout renseignement supplémentaire permettant de vous éclairer dans votre enquête sur ces événements.

Je vous prie d’agréer, chère Madame, l’expression de ma considération distinguée.

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