mardi 26 juin 2007

Dino


When the moon hit the sky like a big pizza pie... That's amore

Traduction : Quand la Lune heurte le ciel comme une grosse part de pizza... That's amore (ça, ça ne se traduit pas) Déjà entendu des paroles aussi ringardes ? Pourtant, cette chanson est l'hymne des pizzaioli napolitains et italo-américains.
J'ai lu il y a quelques années une biographie de Nick Tosches (Dino, Rivages noir, 2003) sur l'auteur de ce vers : Dean Martin. Son père est originaire des Abruzzes (région méridional de l'Italie face à l'Adriatique dont la capitale est Pescara) et a émigré dans l'Ohio avant la naissance de Dino Paul Crocetti. Lorsque celui-ci lui annonça sa volonté de faire une carrière dans le show biz, son paternel lui a sorti une phrase pleine de bon sens terrien qui m'a fait beaucoup rire car elle est tellement juste: "Rêve dans une main et chie dans l'autre et regarde laquelle est pleine" On aurait dit du Pirandello, celui des nouvelles pour une année...
Dean Martin s'est malgré tout taillé un énorme succès dans la chanson et s'est lié d'amitié avec la bande à Frank Sinatra, la rat pack (avec également Sammy Davis junior, Peter Lawford, Joey Bishop et Shirley Mac Laine). Cependant, il n'a que rarement fricoté avec la Mafia (contrairement à Frankie), non par défi, mais par personnalité. Dean était en effet un menefreghista, un type qui n'en avait rien à foutre (j'adore les biographies américaines car elles appellent un chat un chat et ne se réfugie pas derrière une espèce de fausse pudeur de vierge effarouchée). Il est là, il est bien, et n'en rajoute pas. Il n'a besoin de rien car il a une voix en or, du talent et du succès auprès des filles. Pourquoi donc se fouler la cheville ? Sa carrière cinématographique comprend de nombreuses comédies avec Jerry Lewis avec qui il formait un remarquable duo pendant 16 ans et des films avec ses amis du rat pack dont L'Inconnu de Las Vegas de Lewis Milestone (1960), dont le titre original est Ocean's eleven (et oui, le film de Steven Soderbergh est un remake !!!)
Mais si je devais retenir un seul film, non deux, de la carrière de Dean Martin, ce serait Comme un torrent de Vincente Minnelli (1958) et Rio Bravo de Howard Hawks (1959). Le premier est un chef d'oeuvre de mélodrame avec Frank Sinatra et Shirley Mac Laine. Il incarne un joueur professionnel cynique, mais attentionné, ami d'un écrivain raté et alcoolique de retour dans sa ville natale en compagnie d'une prostituée amoureuse de lui. Dans Le Mépris de Jean-Luc Godard (1963), Michel Piccoli reprendra
la façon de prendre son bain avec son chapeau de cow boy.
Pour Rio Bravo, Dean Martin passa une audition pour convaincre Howard Hawks de le choisir pour le rôle du borracho Dude, adjoint du shérif John T. Chance, incarné par John Wayne. Il change complètement de registre pour dans ce western classique pour montrer des qualités de comédien hors du commun. Le menefreghista fait place à un professionnel accompli. Le prologue presque sans paroles du film, dans lequel Dude se fait houspiller dans un saloon pour un whisky avant de se faire sauver les miches par le shérif, est particulièrement éloquent. Son implication dans son jeu est physiquement palpable et il fait partager au spectateur son humiliation. Il trouvera la rédemption dans son job d'adjoint auprès de John Wayne.
Dean Martin décède le 25 décembre 1995 d'un cancer. Il ne s'était jamais remis de la mort de son fils dans un accident d'avion survenu 10 années auparavant.

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