lundi 24 septembre 2007

Consultation


J'ai passé un week-end difficile... Je suis resté cloué au lit en raison d'un mauvais rhume, séquelle d'une crève que je traînais depuis quelques jours. Du coup, j'ai décidé de me soigner et de consulter un médecin. Je suis donc allé voir Sicko de Michael Moore sur les failles du système de santé américain. Juste une parenthèse avant de parler du film : quelqu'un pourrait-il dire aux responsables des salles UGC d'y aller mollo avec la clim' j'ai gardé mon blouson tout au long du film. Quand on voit ce que ça coûte pour se soigner, il vaut mieux éviter de tomber malade...
Mais quand on voit le système de santé américain, ça fait froid dans le dos... Un des pires systèmes de santé pour la nation la plus riche, il y a quelque chose qui cloche... La démonstration de Mike est absolument convaincante... jusqu'à ce qu'il fasse la comparaison avec des pays comme la Grande Bretagne ou la France. Il présente les couvertures médicales britanniques et françaises d'un point de vue très idyllique sans aucun contrepoint. Le pire, c'est que son propos n'aurait pas été affaibli s'il avait nuancé son discours. Même les grèves qui paralysent la France pour un oui ou pour un non sont présentées comme des symboles de la contestation du pouvoir et de la liberté d'expression. Il est jamais resté coincé une heure sur le quai du RER en train d'attendre son train pendant une plombe... Je voudrais bien être aussi moyen que la famille moyenne française qu'il a choisi : selon des critères objectifs, il s'agit plutôt d'une famille aisée financièrement. Je ne sais pas de quel hôpital ses compatriotes expatriés à Paris parlent pour le temps d'attente des urgences, mais moi j'ai dû poireauter plusieurs heures pour une crise de colique néphrétique l'an dernier. Mais, le film est avant tout destiné aux Américains... qui doivent comprendre qu'il existe aussi de bonnes idées ailleurs et qu'il n'est pas honteux de les reprendre à leur compte. Les clichés sont donc favorables aux Français et à leur système de santé dont je pourtant reconnais qu'il est excellent, mais pas sans failles. Mais la partie concernant les USA est plus que convaincantes. L'Amérique a réinventé la "vallée des lépreux" lors de la séquence extrêmement choquante dans laquelle un taxi payé par un hôpital largue une malade n'ayant pas les moyens de se soigner devant une association caritative. Les exemples concrets qu'il donne sont à l'avenant et donne une dimension humaine à son film.
Je le confesse volontiers, j'étais parti pour détester Sicko et le film ne devait que confirmer les a priori (quel mot horrible) que j'avais sur Michael Moore. Son côté populiste et ses raccourcis faciles ont tendance à exaspérer. Il est vrai que Fahrenheit 9/11 n'est pas ma tasse de thé. Il a gagné dans ce film la médaille d'enfonçage de portes ouvertes. Ce prospectus anti-Bush a finalement eu l'effet inverse de celui escompté : la réélection de W. au poste de Président des Etats Unis d'Amérique. Dans Fahrenheit, il utilise les mêmes armes que celles de son pire ennemi. Mike est beaucoup plus efficace quand il dénonce des problèmes de société tels que la circulation des armes ou le système de santé américain. Il met l'administration Bush devant ses propres incapacités en utilisant des exemples concrets et l'interpelle sur des sujets qui concernent directement ces concitoyens. Pour ma part, Bowling for Columbine est le documentaire de Michael Moore que je préfère. C'est un exemple de démonstration par l'absurde, doublé d'un film agréable à regarder et au montage rythmé.
J'ai eu l'occasion de voir il y a quelques jours l'unique film de fiction de Michael Moore Canadian Bacon. Une potacherie dignes d'un adolescent de 15 ans. Le film raconte l'histoire d'un président des Etats Unis qui envahit le Canada en raison d'une baisse de son indice de popularité dans les sondages. Cette comédie recèle les thèmes qui lui tiennent à coeur et le ton rappelle celui de ses documentaires. Mais le tout manque singulièrement de finesse (un reproche qu'on peut parfois faire à ses docus)... Le regretté John Candy est un clone du réalisateur : même corpulence, même casquette vissée sur le crâne, même sens du raccourci... Michael Moore a bien fait de continuer à faire des documentaires, car il a trouvé créneau et inventé un ton inimitable.


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