vendredi 16 novembre 2007

La Vie des autres

Voici le film événement de l'année, celui dont tout le monde a parlé jusqu'à se déssécher les cordes vocales. Les observateurs se sont répandus en éloges au sujet d'un jeune cinéaste allemand (dont c'est le premier film !!!) dont le nom est à retenir : Florian Henckel von Donnersmarck (lorsqu'il se présente à une soirée et qu'il donne son nom, il se voit sûrement répondre : "N'entrez pas tous en même temps") Il a dû aménager une salle pour exposer toutes les récompenses qui lui ont été attribuées : Oscar du meilleur film étranger, Golden Globe, Prix de la meilleure mise en scène, du meilleur acteur, du meilleur second rôle masculin, de la meilleure photo, des meilleurs décors et du meilleur scénario aux German Awards, Prix Satyajit Ray au London Film Festival, Clef d'Or de la meilleure musique de film au festival d'Auxerre (tiens, je ne connaissais pas ce festival...), quatre Prix du public lors des festivals de Locarno, de Vancouver, de Varsovie et de Pessac. C'est la femme de ménage qui va avoir du boulot pour astiquer toutes ces statuettes et épousseter tous ces diplômes. Un film qui mêle l'histoire intime avec la Grande Histoire. Le premier film qui s'intéresse à la Stasi, la police politique est-allemande, qui espionnait tout ce qui tenait sur deux pattes.
Bref, un film à voir absolument... et que je n'ai pas vu au cinéma à sa sortie (la teuhon !!!) Pourquoi ? Je n'étais pourtant pas exilé sur Mars cette année (c'est prévu pour plus tard, car j'envisage de m'inscrire sur la liste d'attente de Virgin Intergalactic pour m'envoyer en l'air...) C'est vrai que je me méfie comme de la peste des films dont le titre contient "la vie." Mais ce n'est pas un argument valable. Ma méfiance naturelle envers les films qui font l'unanimité a fait le reste (voir billet sur Match point) Puis le temps a fait son oeuvre et je me suis résolu à attendre la sortie DVD pour découvrir enfin ce film.
Et je n'ai pas été déçu. Je n'ai rarement vu un film dans lequel l'interprétation de TOUS les comédiens était aussi impressionnante. Aucune faille dans leur jeu, subtilité dans leurs attitudes, maîtrise totale des émotions, tout y passe dans l'intérêt du film. Aucun ne tire la couverture à lui et chacun rend l'autre meilleur. Il faudrait tous les citer jusqu'au dernier figurant pour leur rendre justice. Une telle conjonction de talent sur 2h17 est rare. Il faut dire que le film en vaut la chandelle. Un pan de l'histoire de l'Allemagne (de l'Est) est enfin livré au public. Les premières minutes sur un interrogatoire de la Stasi expliqué aux étudiants donnent le ton du film. Mais lorsqu'un agent des services secrets (le regretté Ulrich Mühe, décédé en juillet) espionne un auteur de théâtre et sa femme comédienne, il est très vite fasciné par ce couple d'intellectuels aux idées subversives, bien qu'ils aient les faveurs du régime. Quelque part, le film m'a fait penser à une sorte de Dernier métro à la teutonne (encore un film multiprimé), où le monde du théâtre croise celui de la Résistance, tout en gardant sa singularité. Les Allemands sont plus doués que nous autres mangeurs de grenouilles pour faire leur examen de conscience.
En tout cas, je regrette de ne pas l'avoir vu en salles. Je me suis privé de sublimer les émotions nées du film par une projection idéale en public. It won't happen again... Désormais, dès que la presse évoquera un film en le qualifiant d'événement ou de choc de l'année à ne rater sous aucun prétexte, je courrai docilement vers la première salle de cinoche venue (en mettant un mouchoir sur mon sens critique et mes préjugés) pour voir le fameux film que si tu le rates, la honte s'abattra sur toi et ta famille... Dorénavant, je me fierai à la pensée unique de sa Majesté les médias touts puissants.
Petite note : cette critique teintée d'ironie n'est pas valable pour La Vie des autres qui vaut vraiment le coup. Il faut bien une exception qui confirme la règle...

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