Crash test
Pour changer, j'aimerais évoquer des films récents. Comme ça, on ne me taxera pas d'ancien combattant nostalgique d'un temps que je n'ai de surcroît pas connu...
Je viens de voir Crash, de Paul Haggis. Un film qui porte bien son nom. Des destins individuels s'entrechoquent, se téléscopent, entrent en collision (les distributeurs ont dû se creuser les méninges pour traduire "crash" en français) dans cette terrifiante Amérique du début du XXIème siècle. Le racisme y est évoqué frontalement et le scénario pointe du doigt les effets dévastateurs engendrés par la politique ultra-sécuritaire de l'administration Bush (sans que le nom de W et de ses sbires ne soient cité, ce qui est fort). C'est encore plus efficace qu'un énième documentaire sur les conséquences du 11 septembre sur les différentes communautés.
24 heures avant la nuit, de Spike Lee, m'a, dans un autre registre, beaucoup marqué. Le monologue d'Edward Norton devant le miroir des toilettes du restaurant est particulièrement brillant et impressionnant. Pendant cinq bonnes minutes, il éructe sur tout ce qui bouge, y compris sur lui-même, à grand renfort de "Fuck" bien sonores. Tout le monde en prend pour son grade, en premier lieu le politiquement correct. Cette scène digne de Taxi driver a fait monter en moi un sentiment de colère et de révolte. Une envie de s'extirper de cette apathie qui me handicape cruellement. En gros, je me suis dit : "Bouge-toi le cul avant qu'il ne soit trop tard..."
Une réflexion me vient alors : pourquoi n'y a-t-il pas de tels films en France ? Le cinéma, comme tout media populaire, est le reflet de la société, un miroir grossissant de nos différents travers. Or, le cinéma français est une vitre transparente qui ne reflète pas grand chose. On a un problème avec notre mémoire collective. Peu de films sur la Seconde guerre mondiale, la guerre d'Algérie, la colonisation, les affaires politiques, la cohabitation, le terrorisme, le chômage... Le consensus mou qui occupe les écrans n'est qu'une image de la frilosité ambiante. Prenons l'initiative de faire des films de qualité en prise avec la société tout en conservant une indispensable exigence artistique. Arrêtons de nous voiler la face en nous disant que nous sommes le bastion de l'exception culturelle...
Pourquoi le pays de l'entertainment et du dollar-roi arrive-t-il à secouer les consciences avec des films qui s'engagent et pas nous ? Parce qu'ils construisent leur mémoire au jour le jour et l'interrogent constamment à travers leurs médias ? Ils sont les propres acteurs de leur mémoire. Et le pire, c'est que ces films américains sont de qualité, impeccablement interprétés, remarquablement écrits, mis en scène avec brio. Même nos voisins affrontent leurs propres démons avec talent (cf : penser à voir La Vie des autres, de Florian Henckel von Donnersmarck, premier film écrit et réalisé par ce réalisateur allemand) alors que nous, on a du mal.
Je garde espoir car cela ne va pas durer éternellement. Une nouvelle génération de réalisateurs et de producteurs va surgir pour nous proposer des films moins consensuels et plus exigeants, aussi bien intellectuellement qu'artistiquement. Que ceci soit écrit et accompli !
Je viens de voir Crash, de Paul Haggis. Un film qui porte bien son nom. Des destins individuels s'entrechoquent, se téléscopent, entrent en collision (les distributeurs ont dû se creuser les méninges pour traduire "crash" en français) dans cette terrifiante Amérique du début du XXIème siècle. Le racisme y est évoqué frontalement et le scénario pointe du doigt les effets dévastateurs engendrés par la politique ultra-sécuritaire de l'administration Bush (sans que le nom de W et de ses sbires ne soient cité, ce qui est fort). C'est encore plus efficace qu'un énième documentaire sur les conséquences du 11 septembre sur les différentes communautés.
24 heures avant la nuit, de Spike Lee, m'a, dans un autre registre, beaucoup marqué. Le monologue d'Edward Norton devant le miroir des toilettes du restaurant est particulièrement brillant et impressionnant. Pendant cinq bonnes minutes, il éructe sur tout ce qui bouge, y compris sur lui-même, à grand renfort de "Fuck" bien sonores. Tout le monde en prend pour son grade, en premier lieu le politiquement correct. Cette scène digne de Taxi driver a fait monter en moi un sentiment de colère et de révolte. Une envie de s'extirper de cette apathie qui me handicape cruellement. En gros, je me suis dit : "Bouge-toi le cul avant qu'il ne soit trop tard..."
Une réflexion me vient alors : pourquoi n'y a-t-il pas de tels films en France ? Le cinéma, comme tout media populaire, est le reflet de la société, un miroir grossissant de nos différents travers. Or, le cinéma français est une vitre transparente qui ne reflète pas grand chose. On a un problème avec notre mémoire collective. Peu de films sur la Seconde guerre mondiale, la guerre d'Algérie, la colonisation, les affaires politiques, la cohabitation, le terrorisme, le chômage... Le consensus mou qui occupe les écrans n'est qu'une image de la frilosité ambiante. Prenons l'initiative de faire des films de qualité en prise avec la société tout en conservant une indispensable exigence artistique. Arrêtons de nous voiler la face en nous disant que nous sommes le bastion de l'exception culturelle...
Pourquoi le pays de l'entertainment et du dollar-roi arrive-t-il à secouer les consciences avec des films qui s'engagent et pas nous ? Parce qu'ils construisent leur mémoire au jour le jour et l'interrogent constamment à travers leurs médias ? Ils sont les propres acteurs de leur mémoire. Et le pire, c'est que ces films américains sont de qualité, impeccablement interprétés, remarquablement écrits, mis en scène avec brio. Même nos voisins affrontent leurs propres démons avec talent (cf : penser à voir La Vie des autres, de Florian Henckel von Donnersmarck, premier film écrit et réalisé par ce réalisateur allemand) alors que nous, on a du mal.
Je garde espoir car cela ne va pas durer éternellement. Une nouvelle génération de réalisateurs et de producteurs va surgir pour nous proposer des films moins consensuels et plus exigeants, aussi bien intellectuellement qu'artistiquement. Que ceci soit écrit et accompli !
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