vendredi 20 avril 2007

Raison et sentiments

Jusqu'à présent, j'occupais surtout la position d'un observateur attentif des métiers du cinéma. J'évoluais dans sa proche périphérie. Travailler dans la formation continue audiovisuelle et dans l'animation d'ateliers d'accompagnement à l'emploi pour techniciens donne une vision globale des métiers de la production et une connaissance des différents acteurs professionnels, institutionnels et politiques. Mais, il faut se confronter aux réalités de la production pour s'en rendre compte, résoudre de nombreuses équations, faire de la gestion humaine, faire preuve de diplomatie, justifier ce que l'on donne à l'un et ce que l'on refuse à l'autre, etc. De plus en plus, la communication est essentielle.
Ce travail de dosage entre passion et profession m'est apparu particulièrement criant récemment. Une équipe se doit d'être soudée derrière un projet auquel chacun croit avec force, derrière un(e) réalisateur(trice) rassembleur(se) autant par son talent que l'énergie qu'il(elle) insuffle à sa troupe (au sens noble du terme). Cette somme d'individualités et de compétences constitue un collectif dans lequel la défaillance de l'un rejaillit sur l'ensemble du groupe. La passion et l'envie sont primordiales, mais dans un cadre professionnel. Avoir l'humilité de se fondre dans une équipe et d'accepter que ses compétences vont valoriser celles de son voisin dans le seul et unique but d'améliorer le film est une grande qualité. Lorsqu'un élément vient perturber cette mécanique fragile, faut-il
pour autant le laisser sur le bord de la route ou lui donner une seconde chance ? Faut-il attendre que la situation soit irréversible ou bien anticiper une situation conflictuelle qui n'arrivera peut-être pas, mais qui est latente ? En tout cas, seul l'intérêt du film doit être pris en considération.
Faire du cinéma est un métier à part entière qui réclame une vocation, mais aussi une formation, une culture, des compétences, une expérience. Un film composé uniquement de professionnels sans implication émotionnelle a de fortes chances de se révéler hermétique, à moins de faire du film d'entreprise ou à visée pédagogique. La réciproque est vraie : un film reposant sur trop de registres émotionnels, que ce soit dans sa conception ou dans son aboutissement, risque de virer vers le conceptuel. Un équilibre est constamment à trouver, sachant qu'équilibre ne veut pas dire 50-50.

Bon, je vais me replonger dans la lecture de Sun Tzu et Machiavel pour essayer de trouver une solution à ces questions.

2 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

bravo

20 avril 2007 à 13:55  
Blogger Eric a dit...

"En tout cas, seul l'intérêt du film doit être pris en considération."
tu es sûr de ça ?

20 avril 2007 à 16:44  

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