mardi 17 juillet 2007

Tout ce que le ciel permet


Vous avez sûrement eu l'occasion de constater que je suis un psycho-rigide des titres de films... un véritable psychopathe ! Un réalisateur mérite donc mon plus profond respect, à la fois par son talent et son importance dans l'Histoire du cinéma que par le choix des titres de ses films : Douglas Sirk. On pourrait écrire un poème en les alignant. Même les traductions françaises ont de la gueule et attisent la curiosité devant ces mélodrames flamboyants en couleurs. Jugez-en plutôt : Tout ce que le ciel permet, Mirage de la vie, La Ronde de l'aube, Le Signe du païen, Le Secret magnifique, Demain est un autre jour, Ecrit sur du vent, Le temps d'aimer et le temps de mourir... A ce niveau-là, ce ne sont plus des titres, mais des vers, des alexandrins, une ode au désir...
Ces films sont autant de chefs d'oeuvre absolus de Douglas Sirk, ce réalisateur d'origine allemande qui a donné ses lettres de noblesse au mélodrame. L'utilisation de la couleur et des décors prennent une dimension absolument extraordinaire et confèrent à ces mélodrames humains un souffle irrésistible. Il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas succomber à de tels films.
Une scène toute simple de All that heaven allows (décidément, les titres originaux sont tout de même infiniment plus évocateurs...) m'a particulièrement marqué. Une riche veuve (interprétée par Jane Wyman) tombe amoureuse de son jardinier (incarné par Rock Hudson, qui n'a jamais été aussi bon que dans les films de Douglas Sirk), de vingt ans son cadet, et désire l'épouser malgré la désapprobation de sa famille et de sa communauté conservatrice et pourvoyeuse de ragots. Elle renonce à ce mariage pour ne pas nuire à ses enfants qui ont décidé de rompre avec elle. Elle les invite donc à passer le Noël dans la demeure familiale. Ils décident de lui faire un cadeau en faisant durer le suspense sur un mystérieux visiteur. Le spectateur romantique pense qu'ils ont accédé au désir de leur mère et lui ont accordé le droit au bonheur qu'elle mérite.Mais la personne attendue n'est autre que le vendeur d'une télévision que son fils et sa fille lui ont offert pour occuper ses vieux jours et qu'elle a toujours refusé de se procurer. Cette scène montre la mesquinerie des enfants du personnage interprété par Jane Wyman, leur égoïsme et leur absence de reconnaissance. Une scène qui a humidifié le coin de mon oeil gauche grâce à l'immense talent conjugué de Jane Wyman dont le visage laisse transparaître un certain désespoir et celui de Douglas Sirk qui transcende les émotions humaines par une mise en scène inspirée...
Pedro Almodovar, son plus fervent admirateur et descendant, ne me contredira probablement pas si je lui accorde une place de choix à Douglas Sirk dans le Panthéon de la cinéphilie.

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