Les borgnes sont rois...
Pour réaliser de bons films dans le cinéma classique américain, il vaut mieux être borgne. Fritz Lang, Raoul Walsh, John Ford, André de Toth arboraient tous un bandeau sur l'oeil. A croire que pour réaliser un chef d'oeuvre, il faut déposer un oeil en caution à la caisse des dépôts des producteurs US... Si ça se trouve, ils avaient un crochet au bout du poignet qu'ils dissimulaient sous une main artificielle ou une jambe en bois planquée sous une prothèse... Et le pire, c'est qu'ils ont pratiquement tous réalisés des films de pirates, notamment Fritz Lang (Les Contrebandiers de Moonfleet, 1955) et Raoul Walsh (Barbe Noire le pirate, 1952, avec la sublime Linda Darnell.) Ce n'est pas étonnant que Martin Scorsese et Michael Henry Wilson, dans le remarquable documentaire Voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, consacrent une partie aux réalisateurs contrebandiers (smugglers). Ils attaquent le système de l'intérieur grâce à des films subversifs financés par les studios. Cette appellation cachent vraisemblablement une appartenance à la piraterie.
Raoul Walsh est un auteur particulièrement intéressant. Tel un musicien, il décline à longueur de film le même thème en y ajoutant certaines variations liées au genre. High sierra, grand film noir avec Humphrey Bogart réalisé en 1940, se verra même affublé d'un remake en western en 1949 (Colorado territory, avec la sublime Virginia Mayo. Que Linda Darnell me pardonne cette infidélité !). Il y a par ailleurs des similitudes criantes entre Aventure en Birmanie et Les Aventures du capitaine Wyatt qui mettent en scène tous deux un groupe de personnages dans un territoire hostile qui s'en sortent grâce à un guide charismatique (Errol Flynn ou Gary Cooper dans les deux films précités). D'autre part, il fait preuve d'une noirceur qui ferait passer Julien Duvivier pour un incurable optimiste. Saboteur sans gloire avec Errol Flynn en est un exemple criant : un condamné à mort se sacrifie à la place de douze innocents habitants d'un village français que les nazis veulent exécuter pour se venger du sabotage d'un pont. Quelle issue pour l'(anti) héros ? La potence ou le peloton d'exécution. Plus noir encore : White heat avec un James Cagney survolté en bandit cruel oedipien qui se prend d'affection pour un flic infiltré dans son gang... Mais il y a la sublime Virginia Mayo (je la demanderai bien en mariage si j'avais 50 ans de moins) qui vient apporter une touche de douceur... Il n'avait pas son oeil dans la poche pour choisir d'aussi ravissantes actrices, le bougre.
Dans une autre vie, j'ai commencé un mémoire de cinéma sur le récit dans Les Affranchis et Casino de Martin Scorsese. L'influence de Walsh est incontestable. En plus d'être un grand admirateur de ces films de gangsters des années 30 (Les fantastiques années 20, Une femme dangereuse entre autres), il pousse à son accomplissement dans Casino le dispositif narratif mis en place dans Les Affranchis tout en continuant à traiter le thème de la pègre. Variations sur le même t'aime. C'est la même chose, mais c'est pas pareil, comme on dirait dans la pub.
Pour finir, je ne saurai que trop vous recommander la lecture de l'excellent ouvrage - malheureusement épuisé, mais qu'on trouve encore dans toute bibliothèque qui se respecte - de Michael Henry Wilson, Raoul Walsh ou la saga du continent perdu, Cinémathèque française, 2001. En plus, il y a des photos de Virginia Mayo...
Raoul Walsh est un auteur particulièrement intéressant. Tel un musicien, il décline à longueur de film le même thème en y ajoutant certaines variations liées au genre. High sierra, grand film noir avec Humphrey Bogart réalisé en 1940, se verra même affublé d'un remake en western en 1949 (Colorado territory, avec la sublime Virginia Mayo. Que Linda Darnell me pardonne cette infidélité !). Il y a par ailleurs des similitudes criantes entre Aventure en Birmanie et Les Aventures du capitaine Wyatt qui mettent en scène tous deux un groupe de personnages dans un territoire hostile qui s'en sortent grâce à un guide charismatique (Errol Flynn ou Gary Cooper dans les deux films précités). D'autre part, il fait preuve d'une noirceur qui ferait passer Julien Duvivier pour un incurable optimiste. Saboteur sans gloire avec Errol Flynn en est un exemple criant : un condamné à mort se sacrifie à la place de douze innocents habitants d'un village français que les nazis veulent exécuter pour se venger du sabotage d'un pont. Quelle issue pour l'(anti) héros ? La potence ou le peloton d'exécution. Plus noir encore : White heat avec un James Cagney survolté en bandit cruel oedipien qui se prend d'affection pour un flic infiltré dans son gang... Mais il y a la sublime Virginia Mayo (je la demanderai bien en mariage si j'avais 50 ans de moins) qui vient apporter une touche de douceur... Il n'avait pas son oeil dans la poche pour choisir d'aussi ravissantes actrices, le bougre.
Dans une autre vie, j'ai commencé un mémoire de cinéma sur le récit dans Les Affranchis et Casino de Martin Scorsese. L'influence de Walsh est incontestable. En plus d'être un grand admirateur de ces films de gangsters des années 30 (Les fantastiques années 20, Une femme dangereuse entre autres), il pousse à son accomplissement dans Casino le dispositif narratif mis en place dans Les Affranchis tout en continuant à traiter le thème de la pègre. Variations sur le même t'aime. C'est la même chose, mais c'est pas pareil, comme on dirait dans la pub.
Pour finir, je ne saurai que trop vous recommander la lecture de l'excellent ouvrage - malheureusement épuisé, mais qu'on trouve encore dans toute bibliothèque qui se respecte - de Michael Henry Wilson, Raoul Walsh ou la saga du continent perdu, Cinémathèque française, 2001. En plus, il y a des photos de Virginia Mayo...
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil