vendredi 25 mai 2007

Cannes à l'envers

Le festival de Cannes touche à sa fin. Le palmarès de la 60ème édition sera prononcé ce week-end après la projection de tous les films de la sélection et des sections parallèles. Les observateurs ont retenus leur souffle devant la montée mythique des marches vers le Palais. Les festivaliers, épuisés par plusieurs jours et nuits de débauche, pourront enfin rentrer à Paris. Bref, le cinéma a été à l'honneur tout au long de cette quinzaine. Le cinéma ?
Pour Cannes, le cinéma est devenu un produit d'appel et un prétexte pour faire parler de la Région. Toutes ces célébrations me filent envie de gerber en sachant que la majorité des films ont tant de mal à se financer. Une nuit au Martinez équivaut à un court métrage, une soirée dans un grand hôtel permettrait de financer la moitié d'un long. Il vaut mieux mettre son blé dans les films que dans des private parties. Qu'on ne se méprenne pas ! Les festivals sont très importants, Cannes le premier. Mais, rendons-le aux cinéastes et aux films. La "pipolisation" ne rajoute rien à sa légende qui est déjà établie.
Le cinéma d'en-bas, qui se saigne aux quatre veines pour réunir un semblant de financement potable et qui tranche dans le lard dans le scénario pour entrer dans les cases, ne se reconnaît pas dans ce déploiement ostentatoire et superficiel de glamour. Il est donc nécessaire de mettre en place une contre-manifestation. Je propose de l'organiser dans le Nord de la France, pour respecter une symétrie géographique. Le bassin minier du Pas de Calais serait enchanté d'accueillir une telle manifestation. Les villes de Lens, Boulogne-sur-Mer ou Valenciennes seraient sûrement intéressées... Ou alors pourquoi pas Sangatte ? Les regards seront braqués sur la descente des marches (vers une salle de cinéma aménagée dans une mine de charbon désaffectée), qui serait un hommage à Jean Cocteau et Orphée. Orfeu negro de Marcel Camus a d'ailleurs reçu la Palme d'Or à Cannes en 1959. Le cinéma se trouve en effet dans la situation d'Euridyce qui se dirige inéluctablement vers l'enfer et qui a besoin d'un Orphée avec une minerve au cou (faut pas qu'il se retourne, ce con !) pour le ramener à la surface. En guise de récompense, le vainqueur recevra un casque d'or (j'aime beaucoup les films de Jacques Becker, notamment Goupi Mains Rouges, Falbalas, Le Trou, Rendez-vous de juillet et... Casque d'or) avec une lanterne pour voir dans l'obscurité des mines. Le jury ? Je propose de réunir la confrérie des vagabonds de Viridiana de Luis Buñuel (qui s'est vu décerner le Palme d'Or en 1961) pour juger de la qualité des films.
Ça aurait de la gueule, non ? Comme quoi, tout n'est pas à jeter dans la Méditerranée à Cannes (et surtout pas les films...)


1 commentaires:

Blogger Eric a dit...

beaucoup ri en imaginant la salle jean cocteau dans une mine de charbon, et la fameuse descente des marches. j'en suis !

27 mai 2007 à 17:54  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil