51, rue de Bercy
Le cinéma s'affiche de plus en plus dans les musées. Le Centre Georges Pompidou, fringant trentenaire, a organisé plusieurs expositions ces dernières années, consacrées à Alfred Hitchcock, Jean Cocteau ou Jean-Luc Godard. Ces manifestations sont accompagnées de rétrospectives exhaustives qui permettent de découvrir notamment les raretés de chaque metteur en scène et promouvoir ainsi la richesse de leur oeuvre. L'Auditorium du Louvre organise régulièrement des séances spéciales. Je me rappelle d'un cycle Tod Browning, dont les films étaient projetés en copie restaurée avec un accompagnement au piano. Et il faut voir les pavés qui servent de catalogues ! Ça fait classe d'en posséder un dans sa bibliothèque... Le cinéma est donc devenu un art à part entière, puisqu'il est confronté à des tableaux modernes de Dali ou de Chirico. En outre, les oeuvres sont remises en perspective à partir d'inspirations tirées d'autres arts figuratifs, alors qu'elles ont longtemps été considérés comme les enfants trisomiques de la littérature.
Moi, cette déification ne me dit rien qui vaille (ça y est, je me mets à râler...). C'est le premier pas vers la marginalisation du cinéma classique. C'est très bien que les films classiques intègrent les musées s'ils étaient également projetés dans les salles. Il y a bien des opérations ponctuelles de la part de certains éditeurs DVD comme STUDIO CANAL ou MK2 de projections de films comme Nous nous sommes tant aimés, d'Ettore Scola, La Fille à la valise, de Valerio Zurlini, ou les Chaplin, dans les salles UGC. Mais ces sorties, bien que louables, servent essentiellement à lancer un DVD. A ce titre, il faut saluer l'action des Cinémas ACTION qui permettent aux films d'être accueillis dans d'excellentes conditions dans les salles du groupe, grâce à une politique de distribution indépendante basée sur un réel amour du cinéma et une volonté jamais démentie de partager des émotions. La vraie place des films est donc dans les salles. Il y a une dichotomie entre les films pour les salles et ceux pour la cinémathèque, ceux qui sont destinés au public (chose étrange et de plus en plus uniforme dont les goûts sont orientés vers des films qui se ressemblent souvent), d'autres destinés aux "connaisseurs". Ce qui est bizarre, c'est que mon premier se dit amoureux du cinéma parce qu'il consomme à profusion les films dans les salles UGC muni de son indispensable carte illimitée, alors que le second passe pour un aigri pisse-froid donneur de leçons qui passe le plus clair de son temps à déblatérer sur une époque révolue et à critiquer le cinéma actuel alors que celui-ci se porte comme un charme (voir les chiffres constamment en hausse de la fréquentation). En plus, ils jouent les Cassandre en prédisant la mort prochaine de cette période de grâce (voir l'excellent ouvrage de Pascal Mérigeau Autopsie d'un meurtre, Flammarion, mars 2007)...
Pour ma part, je n'ai jamais mis les pieds dans ce haut-lieu de la cinéphilie qu'est la Cinémathèque de la rue de Bercy. Je n'allais déjà pas souvent aux anciennes (voir post Viscontithèque), mais à regret. Pourtant, il y a eu un sacré programme depuis un an et demi qu'elle a posé ses guêtres dans l'immeuble dessiné par Frank Gehry (expositions Almodovar, Renoir et sur l'expressionnisme allemend ; rétrospectives consacrées à Edmond T. Gréville, King Vidor, George Cukor et aux comédies italiennes entre autres.) Mais pourquoi l'avoir placée dans un lieu aussi excentré (ça me rappelle un dialogue entre deux personnages de Missouri Breaks, d'Artur Penn avec Marlon Brando et Jack Nicholson, qui se demandaient qui a eu l'idée de situer le Canada aussi haut...) Je déplore aussi cette politique de regroupement familial de la BIFI (Bibliothèque du Film), du musée du cinéma et de la Cinémathèque. J'ai le désagréable sentiment d'une ghettoïsation du film classique, en plus de son institutionnalisation (la création d'institutions est un sport national français dans lequel notre beau pays termine régulièrement tout en haut du tableau des médailles.) Même si la Cinémathèque fait un travail remarquable qui mérite d'être soutenu et respecté, je ne peux m'empêcher de regretter l'image projetée par ce lieu qui ressemble à un sanctuaire de luxe dans lequel un public d'initiés - en général âgé - vient honorer un art menacé de disparition, comme on protège une espèce en voie d'extinction en le parquant dans une réserve ou un zoo.
Un film classique doit donc être projeté dans une salle de cinéma, pas seulement dans un musée ou en DVD...
Moi, cette déification ne me dit rien qui vaille (ça y est, je me mets à râler...). C'est le premier pas vers la marginalisation du cinéma classique. C'est très bien que les films classiques intègrent les musées s'ils étaient également projetés dans les salles. Il y a bien des opérations ponctuelles de la part de certains éditeurs DVD comme STUDIO CANAL ou MK2 de projections de films comme Nous nous sommes tant aimés, d'Ettore Scola, La Fille à la valise, de Valerio Zurlini, ou les Chaplin, dans les salles UGC. Mais ces sorties, bien que louables, servent essentiellement à lancer un DVD. A ce titre, il faut saluer l'action des Cinémas ACTION qui permettent aux films d'être accueillis dans d'excellentes conditions dans les salles du groupe, grâce à une politique de distribution indépendante basée sur un réel amour du cinéma et une volonté jamais démentie de partager des émotions. La vraie place des films est donc dans les salles. Il y a une dichotomie entre les films pour les salles et ceux pour la cinémathèque, ceux qui sont destinés au public (chose étrange et de plus en plus uniforme dont les goûts sont orientés vers des films qui se ressemblent souvent), d'autres destinés aux "connaisseurs". Ce qui est bizarre, c'est que mon premier se dit amoureux du cinéma parce qu'il consomme à profusion les films dans les salles UGC muni de son indispensable carte illimitée, alors que le second passe pour un aigri pisse-froid donneur de leçons qui passe le plus clair de son temps à déblatérer sur une époque révolue et à critiquer le cinéma actuel alors que celui-ci se porte comme un charme (voir les chiffres constamment en hausse de la fréquentation). En plus, ils jouent les Cassandre en prédisant la mort prochaine de cette période de grâce (voir l'excellent ouvrage de Pascal Mérigeau Autopsie d'un meurtre, Flammarion, mars 2007)...
Pour ma part, je n'ai jamais mis les pieds dans ce haut-lieu de la cinéphilie qu'est la Cinémathèque de la rue de Bercy. Je n'allais déjà pas souvent aux anciennes (voir post Viscontithèque), mais à regret. Pourtant, il y a eu un sacré programme depuis un an et demi qu'elle a posé ses guêtres dans l'immeuble dessiné par Frank Gehry (expositions Almodovar, Renoir et sur l'expressionnisme allemend ; rétrospectives consacrées à Edmond T. Gréville, King Vidor, George Cukor et aux comédies italiennes entre autres.) Mais pourquoi l'avoir placée dans un lieu aussi excentré (ça me rappelle un dialogue entre deux personnages de Missouri Breaks, d'Artur Penn avec Marlon Brando et Jack Nicholson, qui se demandaient qui a eu l'idée de situer le Canada aussi haut...) Je déplore aussi cette politique de regroupement familial de la BIFI (Bibliothèque du Film), du musée du cinéma et de la Cinémathèque. J'ai le désagréable sentiment d'une ghettoïsation du film classique, en plus de son institutionnalisation (la création d'institutions est un sport national français dans lequel notre beau pays termine régulièrement tout en haut du tableau des médailles.) Même si la Cinémathèque fait un travail remarquable qui mérite d'être soutenu et respecté, je ne peux m'empêcher de regretter l'image projetée par ce lieu qui ressemble à un sanctuaire de luxe dans lequel un public d'initiés - en général âgé - vient honorer un art menacé de disparition, comme on protège une espèce en voie d'extinction en le parquant dans une réserve ou un zoo.
Un film classique doit donc être projeté dans une salle de cinéma, pas seulement dans un musée ou en DVD...
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