lundi 30 juillet 2007

Hommage














Ingmar Bergman (1918-2007)


La lanterne magique s' est éteinte. Un monument. Un immense cinéaste est parti. Ingmar Bergman est décédé aujourd'hui... mais a atteint l'immortalité. Un cinéaste amoureux des femmes, des actrices. Ingrid Thulin, Liv Ullman, Harriet Anderson, Bibi Andersson, Ingrid Bergman (dans Sonate d'automne en 1978) ont tourné sous sa direction. Mais il sublimait aussi les acteurs comme Max Von Sydow, Erland Josephson, le grand Victor Sjöström, Une aura métaphysique entourait ses films dont les titres sonnent comme des versets d'un livre saint, un commandement à aimer le cinéma : Les Fraises sauvages, Monika, Le Septième sceau, Au seuil de la vie, A travers le miroir, Persona, Scènes de la vie conjugale, Cris et chuchotementsLa Source, Le Silence... Son dernier film, Sarabande, est un ultime et authentique chef d'oeuvre, véritable testament. Au-delà de cette austérité toute protestante surgissait le miracle d'une mise en scène sublimant l'humain en le révélant dans sa profondeur et dans sa noirceur.
On mesure souvent l'importance d'un réalisateur à l'influence qu'il suscite. Woody Allen n'a jamais caché son immense admiration pour le réalisateur suédois. Son oeuvre est parsemée d'hommage et de citations. Il a même travaillé avec son chef op' attitré Sven Nikvyst (un des plus grands directeurs de la photographie soit dit en passant) et a réalisé Intérieurs en 1978, un hommage non dissimulé (et un grand film). Il a d'ailleurs déclaré dans un communiqué : "J'ai été très triste d'apprendre la disparition d'Ingmar Bergman. Il était un ami et le meilleur réalisateur que j'ai jamais vu (...) Il m'a dit qu'il redoutait de mourir un jour de grand soleil. Tout ce que je peux espérer, c'est que le ciel était couvert et qu'il a eu la météo qu'il voulait."

Michel Serrault (1928-2007)


Michel Serrault est parti. Un grand comédien s'en va. Après Philippe Noiret, Jean-Pierre Cassel et Jean-Claude Brialy, ça commence à faire beaucoup...
J'ai revu récemment Assassins et voleurs de Sacha Guitry, un cinéaste que j'apprécie beaucoup. Michel Serrault y jouait en compagnie de son alter ego Jean Poiret. Il a donc rejoint celui qu'il a pleuré lors de son décès lorsqu'un journaliste lui a demandé sa réaction (cette image m'avait marqué à l'époque). Il aimait faire rire et pouvait aussi être inquiétant.
Bravo et merci.

mercredi 25 juillet 2007

This is Spinal tap


Avant de mettre en scène des films aussi intéressants que Stand by me, Princess Bride, Quand Harry rencontre Sally ou Misery, Rob Reiner signe un OVNI en 1984 : This is Spinal tap. Le film est un faux documentaire sur un groupe de hard rock britannique qui n'existe pas... Du moins pas encore, puisqu'un groupe s'est formé par la suite sous la pression d'un fan-club naissant créé par des spectateurs enthousiastes. Les paroles des chansons du groupe sont à hurler de rire. De nombreux guest stars traversent le film : Billly Crystal, Anjelica Huston ou Bruno Kirby (qui est malheureusement décédé l'année dernière). Dana Carvey fait aussi une apparition dans ce rockumentary. Il jouera 7 ans plus tard dans un film marqué par l'influence de Spinal tap : Wayne's world. Dans la série "je remue mes cheveux longs sur fond de musique hard rock (en l'occurence, Bohemian Rhapsody de Queen)", c'est pas mal non plus... : This is Spinal tap a inauguré un nouveau genre : le mockumentary (comment traduire ça en français ? un documentaire satirique peut-être...) dont Michael Moore est un des plus fervents adeptes (même si les sujets de ces films sont réels).
Un des chanteurs du groupe est interprété par Harry Shearer, plus connu pour être la voix de monsieur Burns, Smithers, Flanders, le proviseur Skinner et Kent Brockman dans Les Simpsons. Il a coécrit le scénario avec Christopher Guest et Michael MacKean, les deux autres membres du groupe. Il a commencé sa carrière dans le Saturday night live, émission culte qui a mis le pied à l'étrier à de nombreux acteurs américains comme Eddie Murphy, Dan Aykroyd, James et John Belushi, Bill Murray, Billy Crystal, Mike Myers, Chris Rock ou Ben Stiller.
Si vous avez l'occasion de voir ce film-culte (le terme n'est pas usurpé dans ce cas-là... si vous ne me croyez pas, demandez à Alain Chabat...), je vous le recommande vivement.


Mort de rire






Génial ! Les scénaristes se sont lâché et ont ajouté des gags qui ne passent pas à la télévision tout en respectant l'esprit de la série. C'est super de voir Homer, Bart, Marge, Lisa, Maggie, Smithers, Flanders, monsieur Burns, Apu, Barney, Carl, Lenny, le révérend Lovejoy, le chef Wiggum et les autres sur grand écran... Je ne m'étais pas marré autant au cinéma depuis Borat (j'ai encore mal aux côtes en repensant à la scène où Borat et son producteur se bagarrent nus après que ce dernier se soit branlé devant une photo de Pamela Anderson, provoquant l'ire de Borat... D'ailleurs il sort en DVD le 1er août) et Shrek 2.

mardi 24 juillet 2007

Janet Leigh









Coïncidences fatales



Coïncidences fatales : c'est le titre de l'exposition que le Centre Georges Pompidou a consacré à Alfred Hitchcock en 2001. Un événement à l'époque car c'est la première fois qu'un cinéaste était exposé du point de vue de sa contribution artistique picturale. La première salle, plongée dans le noir, abritait plusieurs objets issus des films du cinéaste britannique. Parmi cet étalage du fétichisme hitchcockien, un accessoire a particulièrement attiré mon attention : le soutien-gorge de la charmante (et regrettée) Janet Leigh dans Psychose. J'ai toujours rêvé de me réincarner en lingerie de mademoiselle Marion Crane. Pourtant l'objet le plus représentatif du film dans l'imaginaire du spectateur semble être le fameux rideau de douche. Mais le cinéma hitchcockien a partie liée avec le fantasme et le fétichisme d'ordre sexuel. En tout cas, ça a marché avec moi puisque miss Leigh, en dehors de son indéniable talent d'actrice, m'a marqué par son potentiel charnel qu'Hitchcock a bien mis en valeur (comme il le fait si bien avec ses actrices). Le cinéma en général, Hitchcock l'a compris mieux que quiconque, est un fabuleux vecteur de fantasme (ne serait-ce que par la position du voyeur tenue par le spectateur qui assiste à la douche de Marion Crane ou à sa séance d'habillage avec son amant du début du film...) Les exemples peuvent être multipliés dans sa filmographie, mais je voulais rendre hommage à miss Janet Leigh dans cette tribune à travers un de mes films favoris de sir Alfred Hitchcock.




samedi 21 juillet 2007

Les reliques de la mort


Il sort aujourd'hui... Je cours m'acheter un exemplaire avant que télé, radio, internet et newspapers n'en révèlent la fin...

jeudi 19 juillet 2007

Penelope Cruz

La consécration pour une actrice n'est pas forcément de tourner avec les meilleurs réalisateurs ou d'avoir les plus grands acteurs comme partenaires, mais d'être l'égérie de L'Oréal. Cela permet d'être connue dans le monde entier grâce au tournage de spots publicitaires et d'avoir des shampooings démêlants gratos... en plus d'un gros contrat de plusieurs millions d'euros pour représenter la marque. Faire partie du team L'Oréal est synonyme de glamour.
En revanche, le glamour tombe à l'eau lorsque l'on découvre les pubs françaises de L'Oréal... Penelope Cruz (alias Penelope Crouche) est doublée par une comédienne qui prononce son texte avec un fort accent ibérique digne de ma concierge espagnole ou du regretté Garcimore... Le mythe est cassé. Parche que che le faut bien...






Saul Bass

Les génériques de films ont longtemps été un alignement monotones de noms et de fonctions respectant la même charte graphique sur fond musical reprenant les principaux thèmes du film. Le projectionniste n'ouvrait parfois le rideau uniquement lorsque cette litanie était terminée, laissant la place aux images. Un homme est venu briser ce schéma et conférer au générique une dimension artistique : Saul Bass. Ce graphiste publicitaire de formation s'est déjà attaquer aux affiches de films qui juxtaposaient scènes et personnages de films. Il introduit l'abstrait et le conceptuel dans le figuratif (quelle phrase pompeuse... ça ne peut pas être de moi, ça !)

Le premier à faire appel à ses services est Otto Preminger. Il signe l'affiche de La Lune était bleue en 1953 avant de créer en 1954 le générique de Carmen Jones, transposition de l'opéra de Bizet uniquement interprétée par des interprètes noirs d'après la comédie musicale de Oscar Hammerstein. Le dessin d'une rose se tient sur fond de flamme rouge ondulante sur l'ouverture de Carmen de Bizet. Un minimalisme fortement évocateur, tel un logo publicitaire vantant les mérites de la passion dévorante et flamboyante. Son générique suivant sera aussi son plus fameux de la période Preminger (leur collaboration s'est étalée sur 10 films) : L'homme au bras d'or (1955). Des lignes verticales, horizontales et obliques occupent l'écran sur une musique de Leonard Bernstein, puis un bras déformé apparait dans le cadre... Aucune des stars du film ne figure dans l'affiche, ni au générique. Le spectateur est d'emblée mis dans une ambiance claustrophobique comparable à celle ressentie par les accrocs à la drogue. A bien des égards, l'association Preminger-Bass peut être comparée à Hitchcock-Herrmann, tant la collaboration artistique se rejoint dans le genre de films à thèse que défend Preminger.


Saul Bass vient d'ailleurs se greffer au duo Hitchcock-Herrmann pour le générique et l'affiche de Vertigo. Le thème de la spirale associé à l'oeil et au vertige dont souffre le personnage principal (interprété par James Stewart) trouve sa plus parfaite expression dans ce générique qui est quasiment un clip expérimental. Hitchcock, dont le goût pour la psychanalyse n'est pas à démontrer, a déjà fait appel à Salvador Dali pour une séquence de décryptage de rêve dans La Maison du docteur Edwardes, dans laquelle sa symbolique s'exprimait. Dans Vertigo, il utilise dès le générique le fort pouvoir évocateur des symboles et confère au film une dimension fantasmatique encore plus élevée.


Saul Bass a également collaboré sur plusieurs génériques de Martin Scorsese dans lesquelles il utilise l'animation plutôt que l'abstrait tout en insistant sur la symbolique du film. Cape fear (1991) est un bel exemple de générique à effets spéciaux qui renforce l'angoisse ressentie tout au long de ce remake qui reprend le thème original de Bernard Herrmann. Saul Bass a d'ailleurs signé ses deux derniers génériques pour ce cinéphile acharné qu'est Martin Scorsese : des fleurs qui éclosent en accéléré dans Age of innocence en 1993 et l'explosion de la voiture piégée de Sam Rothstein préfigurant sa descente aux Enfers sur fond de La Passion selon Saint-Matthieu de Bach dans Casino (1995). Des fleurs, des flammes... Cela ne vous rappelle rien ? La rose sur fond de flamme ondulante de Carmen Jones. Une belle façon de boucler la boucle...


mercredi 18 juillet 2007

Hrundi V. Bakshi


Une année à Cannes, une délégation indienne était venue présenter un court métrage sélectionné par la Cinéfondation, la section parallèle consacrée aux films d'école. J'étais dans la salle avec deux amis, le réalisateur et le directeur de production d'un film en sélection. Alors que le représentant indien commençait son discours en anglais avec un accent indien fort prononcé, les trois couillons que nous sommes se sont regardés et se sont mis à avoir un fou-rire. Sans se consulter, on a spontanément pensé à Hrundi V. Bakshi, l'acteur indien gaffeur interprété par Peter Sellers dans La Party de Blake Edwards (1968)... Son accent inimitable était à mourir de rire...
Peter Sellers est, à l'instar de cet autre immense acteur anglais Alec Guinness, un spécialiste des accents et des rôles multiples. Dans La Souris qui rugissait de Jack Arnold, il interprète trois rôles : celui de la Comtesse du Duché de Grand Fenwick, micro-Etat situé dans les Alpes, ayant déclaré la guerre aux Etats Unis pour avoir osé contrefait leur vin ; celui du Premier Ministre Mountjoy, auteur du plan machiavélique consistant à perdre la guerre afin de bénéficier des largesse du plan Marshal ; celui de Tully Bascombe, le maréchal chef de la redoutable armée de Fenwick, composée d'archers en tenue médiévale qui envahit un New York désertée en raison de manoeuvres atomiques, et qui comprend en otages le concepteur de la bombe Q, sa fille et un général américain... Peter Sellers s'en donne à coeur joie et se délecte des différents accents dans un triple rôle qui préfigure une autre grandiose comédie qui traite du conflit nucléaire : Docteur Folamour de Stanley Kubrick (1963). Le capitaine britannique Lionel Mandrake, le président des Etats-Unis Merkine Muffey (qui a un faux air d'Alain Juppé) et le savant nazi Docteur Folamour ont tout trois les traits de Peter Sellers qui donne un aperçu de sa maîtrise des accents. L'anarchie des comédies britanniques basée sur le nonsense qui éclatera dans les films des Monty Python trouve un ambassadeur de choix avec Peter Sellers.
Alec Guinness, son complice dans Tueurs de dames d'Alexander Mackendrick (1955) - une des plus brillantes comédies britanniques - interprète huit rôles dans Noblesse oblige de Robert Hamer (1949). Acteur fétiche de David Lean, il surprend Omar Sharif en interprétant le prince Fayçal dans Lawrence d'Arabie en l'observant parler anglais avec l'accent arabe. Un génie, cet Obi-Wan Kenobi !

mardi 17 juillet 2007

Tout ce que le ciel permet


Vous avez sûrement eu l'occasion de constater que je suis un psycho-rigide des titres de films... un véritable psychopathe ! Un réalisateur mérite donc mon plus profond respect, à la fois par son talent et son importance dans l'Histoire du cinéma que par le choix des titres de ses films : Douglas Sirk. On pourrait écrire un poème en les alignant. Même les traductions françaises ont de la gueule et attisent la curiosité devant ces mélodrames flamboyants en couleurs. Jugez-en plutôt : Tout ce que le ciel permet, Mirage de la vie, La Ronde de l'aube, Le Signe du païen, Le Secret magnifique, Demain est un autre jour, Ecrit sur du vent, Le temps d'aimer et le temps de mourir... A ce niveau-là, ce ne sont plus des titres, mais des vers, des alexandrins, une ode au désir...
Ces films sont autant de chefs d'oeuvre absolus de Douglas Sirk, ce réalisateur d'origine allemande qui a donné ses lettres de noblesse au mélodrame. L'utilisation de la couleur et des décors prennent une dimension absolument extraordinaire et confèrent à ces mélodrames humains un souffle irrésistible. Il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas succomber à de tels films.
Une scène toute simple de All that heaven allows (décidément, les titres originaux sont tout de même infiniment plus évocateurs...) m'a particulièrement marqué. Une riche veuve (interprétée par Jane Wyman) tombe amoureuse de son jardinier (incarné par Rock Hudson, qui n'a jamais été aussi bon que dans les films de Douglas Sirk), de vingt ans son cadet, et désire l'épouser malgré la désapprobation de sa famille et de sa communauté conservatrice et pourvoyeuse de ragots. Elle renonce à ce mariage pour ne pas nuire à ses enfants qui ont décidé de rompre avec elle. Elle les invite donc à passer le Noël dans la demeure familiale. Ils décident de lui faire un cadeau en faisant durer le suspense sur un mystérieux visiteur. Le spectateur romantique pense qu'ils ont accédé au désir de leur mère et lui ont accordé le droit au bonheur qu'elle mérite.Mais la personne attendue n'est autre que le vendeur d'une télévision que son fils et sa fille lui ont offert pour occuper ses vieux jours et qu'elle a toujours refusé de se procurer. Cette scène montre la mesquinerie des enfants du personnage interprété par Jane Wyman, leur égoïsme et leur absence de reconnaissance. Une scène qui a humidifié le coin de mon oeil gauche grâce à l'immense talent conjugué de Jane Wyman dont le visage laisse transparaître un certain désespoir et celui de Douglas Sirk qui transcende les émotions humaines par une mise en scène inspirée...
Pedro Almodovar, son plus fervent admirateur et descendant, ne me contredira probablement pas si je lui accorde une place de choix à Douglas Sirk dans le Panthéon de la cinéphilie.

Italianamerican

Martin Scorsese est le plus grand cinéaste américain contemporain. Que Clint Eastwood, David Lynch ou Steven Spielberg me pardonnent cette phrase péremptoire ! Mais depuis Mean streets en 1973, il aligné les films les plus importants tels que Taxi driver, Raging bull, La Dernière tentation du Christ, Les Affranchis, Casino, Gangs of New York (je suis sûr que ce dernier va dépasser avec le temps son statut de film maudit pour être reconnu à sa juste valeur, car je me sens un peu seul à le défendre bec et ongles contre ses nombreux détracteurs). Même ses films secondaires sont jubilatoires et intéressants : qui n'a pas éprouvé un plaisir intense en regardant Alice n'est plus ici, New York, New York, King of comedy (désolé, je n'arrive pas à me faire au titre français La Valse des pantins...), After hours (un bijou), Age of innocence, Cape fear ou The Aviator... Marty a enfin vu matérialiser son unique talent et sa profonde passion du cinéma par un Oscar pour The Departed cette année, l'Académie réparant une anomalie flagrante de son palmarès. Bien sûr, il était loin d'en faire une maladie (après tout, la compagnie d'Orson Welles, Alfred Hitchcock ou Stanley Kubrick - autres grands cinéastes oubliés des Oscars - n'est pas si désagréable), mais l'academy award lui permet d'acquérir un accès considérable auprès du grand public pour son combat inlassable et sacerdotal (il ne faut pas oublier qu'il désirait être prêtre dans sa prime enfance) pour la conservation des films et la transmission de l'Histoire du cinéma aux générations futures.
Mais les grandes oeuvres qui peuplent sa filmographie ne doivent pas faire oublier son activité de documentariste qui est intimement liée à son travail de filmmaker, ni ses premiers courts. Le DVD que Wild Side consacre à ses courts métrages et documentaires offre opportunément un éclairage sur cette partie méconnue de son oeuvre, d'autant plus que son collaborateur Michael Henry Wilson introduit avec beaucoup de pertinence les films présentés.
What a beautiful girl like you doing in a place like this (1963) est le premier court de Marty qui l'a réalisé lorsqu'il fréquentait encore les bancs de l'Université de New York. L'influence du cinéma indépendant américain et de la Nouvelle Vague se fait sentir. It's not just you Murray (1964) contient déjà les germes de certains thèmes qui apparaitront dans ses films. Cet individu irresponsable préfigure le Johnny Boy de Mean streets. Mais le morceau de choix des courts métrages est constitué par The big shave (1967). Un homme devant le miroir de sa salle de bain immaculée se rase jusqu'à ce que son visage se couvre de sang sous l'effet de la lame. Ce film effrayant est une parabole de la guerre du Viet Nam dans laquelle
l'Amérique s'apprête à s'enfoncer inexorablement .
Martin Scorsese a souvent réalisé un documentaire entre deux films. Parfois il en réalisait même un pendant le montage d'une fiction, un genre venant nourrir l'autre. Il a commencé par participer au montage de Woodstock de Michael Wadleigh en 1969. Il a depuis signé de nombreux documentaires sur la musique comme The Last waltz (1974) ou No direction home, un portrait exceptionnel de Bob Dylan (2005), et produit la série Martin Scorsese présente le blues... L'utilisation de la musique dans ses longs métrages est par aillerus révélatrice, dans la mesure où ils peuvent être interprétés comme un instantané de la musique de l'époque de l'histoire des films. Son prochain documentaire musical est un concert filmé à plusieurs centaines de milliers de caméras des Rolling Stones (dont Martin Scorsese utilise régulièrement des titres comme Gimme shelter, Jumpin'jack flash, Heart of stone, Monkey ou Let it loose). On peut se prendre à rêver d'un Mick Jagger évoluant dans une scène comme une sorte de Jake La Motta dans un ring.
Autre série de documentaires : ceux consacrés aux cinéma.
Personal journey with Martin Scorsese through american cinema, coréalisé en 1995 avec Michael Henry Wilson, apparaît comme un pendant de Casino, qui est selon moi un film sur le cinéma et une parabole sur la manière dont les réalisateurs du Nouvel Hollywood ont contribué à secouer l'establishment avant un retour de manivelle symbolisé par la mainmise retrouvée des Majors et l'avènement du système commercial tel que nous le connaissons actuellement. Scorsese se montre intarissable sur les grands réalisateurs de Hollywood qu'il classe parmi trois catégories : les iconoclastes (the director as an icococlast), les contrebandiers (the director as a smuggler) et les mavericks (the director as a maverick). J'ai ainsi pu mesurer l'importance de cinéastes tels que Allan Dwan, Douglas Sirk, Vincente Minnelli, Fritz Lang, Jacques Tourneur ou King Vidor. Il est à noter que Scorsese, pas seulement par corporatisme, érige le réalisateur en tant qu'auteur du film au détriment du producteur, comme c'était le cas dans le Hollywood de studios. La capacité du réalisateur à se servir des films de studios pour faire passer des thèmes personnels ou d'évoluer à leur marge pour constituer une oeuvre subversive lui confère sa qualité d'auteur au sens " nouvelle-vaguien" du terme.
J'ai ensuite eu la chance d'assister six ans plus tard à Cannes à la projection d'Il mio viaggio in Italia, le documentaire consacré au cinéma italien. Le film est très didactique avec de longues analyses d'oeuvres de Vittorio De Sica, de Roberto Rossellini ou de Michelangelo Antonioni. Mais la première demi-heure est émouvante, lorsqu'il évoque le contexte dans lequel il a découvert ces films. Scorsese dresse quasiment l'arbre généalogique de sa famille en Sicile et montre le vieux téléviseur dans lequel il a vu pour la première fois Paisà de Rossellini. Marty montre à quel point son existence et ses racines sont intimement et viscéralement
liées au cinéma.
Le transition est toute trouvée avec ses deux meilleurs documentaires qu'il a réalisé dans les années 70. Italianamerican a été produit dans le cadre d'une série documentaires sur les communautés à l'occasion du bicentenaire de la Déclaration d'Indépendance en 1976. Scorsese invite ses parents à évoquer leur installation à New York. Chaleur humaine et oralité sont au programme de ce documentaire. Ma vraie découverte est American boy : a profile of Steven Prince que Marty réalise en 1978 alors qu'il traverse une période difficile. Steven Prince, un de ses amis, a joué le rôle du marchand d'armes dans Taxi driver, film dont ce documentaire fait immanquablement penser par cette frontière poreuse entre inquiétude et humour. Lorsque Steven Prince raconte l'anecdote de la jeune femme victime d'une overdose d'héroïne à qui l'on doit injecter une piqûre d'adrénaline dans la poitrine, la scène de la réanimation de Mia Wallace, alias Uma Thurman, dans Pulp fiction, se déroule sous nos yeux quasiment plan par plan. George Memmoli, qui a joué dans Mean streets (mon royaume pour la scène de la bagarre dans le billard !) et dans Phantom of the Paradise est invité dans la maison de Scorsese à Los Angeles où ce documentaire a été tourné.
Ces deux documentaires montrent le souci du conteur et un goût pour l'oralité en vigueur dans les films de Martin, notamment Goodfellas. Je pense en particulier aux anecdotes de Joe Pesci au Copacabana qui sont à la fois hilarantes et inquiétantes.

Dénouement

Les fidèles lecteurs qui se demandaient comment se sont déroulées les suites de mes péripéties avec la SNCF peuvent se rassurer. Un happy ending est venu ponctuer cette drôle d'aventure dans laquelle je me suis retrouvé coincé une nuit entière dans une gare RER à Saint-Denis. Un dédommagement de 100 euros m'a été attribué en compensation de cette nuit de folie. La SNCF va donc me payer mes vacances... Merci !!!

vendredi 13 juillet 2007

Harry Potter


Je le confesse volontiers. Je suis un grand fan de Harry Potter et reconnaît en JK Rowling une des plus grandes écrivains de ce siècle débutant. J'ai lu tous les livres. Je me suis même procuré le dernier ouvrage en anglais ne pouvant pas attendre la traduction française. J'ai vu tous les films de la série au cinéma avec une préférence nettement marquée pour les deux derniers Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, d'Alfonso Cuaron, et Harry Potter et la coupe de feu, de Mike Newell. Les personnages gagnent en épaisseur et la noirceur prend le pas sur la découverte de la magie de Poudlard. En outre, Chris Columbus, réalisateur des deux premiers films de la série, n'est pas ma tasse de thé. C'est un pop corn movies director et le premier épisode, Harry Potter à l'école des sorciers m'a donné l'impression de tourner les pages du bouquin. Il n'a pas dépassé le stade de l'illustration fidèle.
Mon fanatisme a dépassé les bornes à la double occasion de la sortie de
Harry Potter et l'ordre du phénix et du dernier livre de la série Harry Potter et les reliques de la mort. Autant dire que j'ai déjà réservé ma journée du 21 juillet, jour tant attendu de la sortie du bouquin de la mère Rowling dont je vais enrichir la fortune personnelle plus élevée que celle de la Reine d'Angleterre d'une vingtaine d'euros... J'ai affiché un poster du film dans ma chambre (il n'y a que deux affiches dans ma chambre, ce qui est bien peu pour un cinéphiles, Incassable de M. Night Shyamalan et Harry Potter et l'Ordre du Phénix de David Yates, et le poster de Wallace et Gromit et le lapin garou dans les toilettes). J'ai même fait l'album Panini du film. Oui, moquez-vous donc de moi, sortez les quolibets, car je suis retombé en enfance. Moi qui ai terminé l'album du Retour du Jedi en 1983 et celui de la Coupe de monde de football 1982 quand je n'avais pas encore 10 ans... D'ailleurs, il me manque environ une dizaine d'images pour terminer mon album, dont les vignettes numéro169 et 263 qui sont argentées et dorées. Laissez-moi un commentaire si vous êtes les heureux possesseurs des doubles de ces images... Sinon je contacterai ma correspondante de 14 ans sur MSN messenger pour échanger des images avec elle. Pour un peu, j'irai dans les bacs à sable pour jouer à la tapette avec des freluquets...
David Yates, réalisateur de Harry Potter et l'ordre du phénix, a dirigé son premier long métrage de cinéma avec ce film qui entérine le retour de Lord Voldemort, ennemi juré de Harry. Il s'en tire avec les honneurs bien aidé par l'interprétation de la fine fleur des comédiens britanniques du moment. Jugez-en plutôt : Sir Michael Gambon, Emma Thompson, Helena Bonham Carter, Imelda Staunton (qui joue le rôle de Dolores Ombrage, sortie tout droit de la Bibliothèque rose, chargée par le Ministère de la Magie de remettre de l'ordre à Poudlard avec des méthodes qui feraient passer les talibans pour des amateurs), Alan Rickman, Brendan Gleeson, David Thewlis, Gary Oldman, Maggie Smith, Ralph Fiennes (celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom) encadrent les jeunes comédiens vedettes Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint. Kenneth Branagh, Miranda Richardson, Richard Harris, John Hurt, John Cleese, Timothy Spall ont également fait une apparition remarquée dans la série. Il ne manque plus que Daniel Day Lewis, Ewan Mac Gregor, Daniel Craig ou Liam Neeson pour que le compte soit bon...Ces acteurs ont peuplés les meilleurs film de Mike Leigh, Ken Loach, Kenneth Branagh, James Ivory (qui est américain), Neil Jordan ou Stephen Frears...
Les scènes de combat dans le Ministère de la magie sont bien filmées, bien que prenant des libertés - compréhensibles au regard de la différence de support - avec le livre de Rowling. David Yates se sert d'ailleurs pour condenser plusieurs chapitres du livre et pour dynamiser le récit une technique vieille comme le cinéma, mais adaptée à notre époque : il utilise les manchettes de journaux. Ce procédé rappelle les films de gangsters des années trente de la Warner (par ailleurs productrice de la série) de Raoul Walsh comme The roaring twenties ou Angels with dirty faces. L'intervention de Dumbledore lors du combat entre Harry et Voldemort était autant attendue par les fans de Harry Potter (dont je fais partie) que les cabrioles de Yoda contre le prince Dooku dans L'Attaque des clones par les timbrés de Star wars (dont je fais partie)...
Autant dire que je n'étais pas déçu par la fin du film et attend avec impatience la sortie de Harry Potter et le Prince de sang-mêlé avec de nouveau David Yates à la baguette, dont la sortie est prévue pour novembre 2008.
Mais pour patienter, il reste la sortie du dernier volet des aventures de Harry Potter le 21 juillet, la traduction en français en octobre, le DVD de l'Ordre du Phénix en janvier et... l'album Panini courant 2008.