mardi 30 octobre 2007

Cary Grant

Le succès de mes récentes chroniques DVD du coffret Fritz Lang, de Golden door et de Bashu le petit étranger pour La Gazette des scénaristes était tel que la rédaction en chef m'a proposé de rempiler pour un nouvel article. Prochaine victime à croquer : Cary Grant. Les Editions Montparnasse lui consacre un coffret comprenant cinq films : L'Impossible monsieur Bébé de Howard Hawks (1938), Mon épouse favorite de Garson Kanin (1940), Soupçons d'Alfred Hitchcock (1941), Lune de miel mouvementée de Leo Mac Carey (1942) et Un million clés en main de Hank C. Potter (1948).
Je vais de ce pas aiguiser mes arguments...





lundi 29 octobre 2007

Wallace & Gromit

Dracula & Co

Cet été, la Cinémathèque Française (pour laquelle j'éprouve une affection particulière, non en tant qu'institution, mais parce qu'elle constitue une source de sujets inaltérable pour cette tribune... d'ailleurs, je songe à leur demander de me sponsoriser) a organisé une rétrospective consacrée au cinéaste britannique Terence Fisher. Un ami m'a grandement recommandé de découvrir ses films à cette occasion. Avec le recul, je regrette de ne pas y être allé, autant parce que l'oeuvre de Fisher est effectivement d'une grande richesse (d'autant plus qu'il a profondément renouvelé le genre du film d'horreur) que pour voir s'il recueille le même genre de public que Sacha Guitry dont on peut peut voir les films actuellement au 51 rue de Bercy (allez-y, c'est génial !!!) J'imagine bien un couple de nonagénaires voir des films de vampires et de lorgner avec convoitise sur le dentier à canines rétractables du comte Dracula en se disant qu'il a l'air plus partique que celui dont ils disposent qui leur permet péniblement de mâcher des croûtons de pains trempés dans une soupe. Le film pourrait éventuellement leur servir de catalogue pour choisir les derniers modèle de cercueils en chêne vernis tout confort à doublure capitonnée (arrête avec les personnes âgées, elles ne t'ont rien fait, mince !)


J'avais à l'époque envie d'écrire un truc sur les vampires, les monstres, les molosses géants, les momies et autre scréatures de cet acabit, mais la flemme et une actualité qui ne s'arrête jamais m'ont détourné de ce projet. J'aurais bien une autre opportunité de rendre hommage à ce cinéaste que je venais de découvir... ARTE et Halloween viennent de me fournir cette occasion sur un plateau. Hier soir, la chaîne culturelle (qui diffuse des films en version française et des docufictions... tu parles d'une chaîne culturelle !) a proposé une soirée thématique sur les vampires et diffusé Dracula, Prince des Ténèbres de Terence Fisher. Je vais enfin pouvoir rendre à ce cinéaste l'hommage qu'une grosse flemme estivale m'a empêché de lui accorder...

Le nom de Terence Fisher est indissociable des studios britanniques de la Hammer qui se sont spécialisés dans la production de films d'horreur mettant en scène les plus grandes figures du genre. Fisher s'est donc attelé à une adaptation en Technicolor de Dracula, Frankenstein, la Momie, le Chien des Baskerville ou Le fantôme de l'Opéra. La Ligue des gentlemen extraordinaires à lui tout seul... Le succès de ces films repose sur un fantastique gothique doublé d'une violence réaliste et mâtiné d'un soupçon d'érotisme.


Ces films d'horreur, ancêtres des films gore qui pullulent dans nos écrans depuis une bonne vingtaine d'années, ont révélé de grands acteurs. Peter Cushing brille dans le rôle de Sherlock Holmes dans Le Chien des Baskerville et dans plusieurs films de Terence Fisher. Il tiendra à la fin de sa carrière un rôle dans Star wars, episode 1. Christopher Lee partage avec son ami Peter Cushing la particularité d'avoir également hanté la distribution d'épisodes de Star wars (L'Attaque des clones et La revanche des Sith) dans lesquels il interprète le redoutable Comte Dooku. La jeune génération se souvient également de lui en tant que Saroumane dans la trilogie du Seigneur des anneaux. Ces deux personnages sont les descendants directs du comte Dracula dont Christopher Lee apporte noblesse et terreur dans les films de Terence Fisher (Le cauchemar de Dracula est un chef d'oeuvre).
Le meilleur moyen de mesurer l'influence d'un genre, d'un cinéaste ou d'un studio est le nombre de parodies qu'il a suscités. Les studios Aardman ont rendu un bel hommage aux films de la Hammer avec Wallace & Gromit et le mystère du lapin garou (j'adore ce film d'animation dont le poster orne mes toilettes...)

dimanche 28 octobre 2007

Michael Clayton


George Clonney est un type bien. Son engagement en faveur du Darfour est admirable, d'autant plus qu'il est sincère. Hollywood a toujours eu la réputation d'être ancré à gauche, même si les financiers qui tiennent les cordons de la bourse sont de tendance Républicaine. Il faut aussi se souvenir sur le seul acteur qui ait eu accès à la magistrature suprême, Ronald Reagan, ne peut pas être considéré comme un "progressiste", même si son double mandat ne fut pas le plus désastreux de l'Histoire des Etats Unis (suivez mon regard...) Il ne va donc pas de soi pour une star hollywoodienne de militer activement en faveur d'une cause qui va à l'encontre des "intérêts" de son pays.
Michael Clayton, l'avocat que George Clooney interprète dans Michael Clayton, va à l'encontre des "intérêts" du cabinet qui l'emploie en dénonçant un gros client - une immense multinationale agro-pétro-chimique - qui passe sous silence les effets cancerigènes d'un pesticide afin de continuer à accumuler des profits pharaoniques. Toute ressemblance avec des événements ayant déjà existé (ou qui existent encore) n'est absolument pas fortuite.
Ce film laisse une sensation bizarre. Il évoque un sujet important tout en laissant le spectateur sur sa faim, comme si le propos suffisait à lui-même. Ce n'est pas la peine d'en rajouter, comme dirait Maxwell... Mais rien ne vient transcender le film, mis à part la remarquable interprétation des comédiens. Le réalisateur, Tony Gilroy (ci-devant scénariste de la saga Bourne), peine à apporter un souffle à cette histoire. La présence au générique de Sydney Pollack laisse penser que l'influence du film politique des années 70 parraine Michael Clayton. Mais ces films, comme par exemple Les Trois jours du Condor de Sydney Pollack, étaient portés par un dynamisme qui n'apparaît ici qu'en de (trop) rares occasions.

vendredi 26 octobre 2007

Deathly hallows


Peut-on aimer Fritz Lang, Sacha Guitry et Harry Potter ? La réponse est oui. J'en suis la preuve vivante. Harry Potter et les reliques de la mort est sorti aujourd'hui en librairie dans sa version française. M'en fout, j'ai lu la version originale en juillet. Si vous voulez que je vous raconte la fin, je peux le faire... Juste une chose : c'est le meilleur volume de la série.

Guggenheim

Cette visite à la Cinémathèque a contribué à raviver un vieux fantasme que j'avais enfoui au fond de ma mémoire et qui a ressurgi instantanément. Les vestiges de l'American Center dans laquelle la Cinémathèque a élu domicile depuis sa réouverture sont le principal coupable de cette envie. J'aimerais beaucoup visiter le musée Guggenheim de Bilbao dont l'architecte n'est autre que Frank Gehry qui est à l'origine de la création du bâtiment qui abrite la Cinémathèque... Maintenant que j'ai trouvé un boulot à mi-temps (une enquête sur les métiers de la réalisation), je vais pouvoir assouvir ce rêve incessamment sous peu.
Avis aux amateurs ! Qui m'aime me suive !



Spectacle/Spectateurs

Observer le comportement des spectateurs dans les salles est vraiment intéressant. Dans les multiplexes, le film s'accompagne souvent de pop corn et friandises en tout genre... On se bouscule afin de trouver une place au centre de la salle pour avoir une vue imprenable sur les innombrables publicités qui encadrent le film. Celui-ci devient un produit d'appel pour vendre des jeux vidéos ou des barres chocolatées. Parfois, il est lui-même truffé de produits et ressemble à un catalogue des 3 Suisses que l'on feuillette en sirotant un soda. A la fin du film, alors que celui-ci n'est pas encore terminé, certains spectateurs, qui ont pourtant bien pris soin de s'installer au beau milieu de la salle, se lèvent pour débarrassser les lieux. Insupportable ! Ensuite, le premier réflexe qui vient à l'esprit du spectateur qui vient de voir un film est de rallumer son portable. Certains consultent même leur messagerie en pleine salle... Comme si cela ne pouvait pas attendre cinq minutes de plus !
A la Cinémathèque, les habitudes sont différentes. Point de brouhaha d'adolescents dissipés, puisque l'adolescent le plus jeune doit avoir quarante ans. C'est bien heureux, car il est gênant de devoir se retourner vers un septuagénaire pour lui demander de la mettre en sourdine. Les marchands de pop corn et de friandises en tout genre ne font pas recette. Encore faut-il disposer d'une dentition adéquate pour pouvoir mâcher ses cochonneries... Mais l'ouvreuse apprécie de ne pas avoir à retirer les chewing gums consciencieusement collés sous les sièges.
Les personnes âgées ont souvent tendance à s'asseoir en bout de rang afin d'être plus près de la sortie ou des toilettes. Allez demander à quelqu'un de 84 ans de faire l'effort de déplier ses genoux calcifiés et de redresser ses os perclus par l'arthrose de se lever pour que vous puissiez vous mettre plein centre afin de jouir d'une meilleure vue sur l'écran ! D'autant plus que si vous avez l'outrecuidance de vous mettre dans la queue devant ces seniors (même en respectant l'ordre d'arrivée), le reproche de manquer de considération à l'ancienneté vous est automatiquement adressé, précédé de la traditionnelle antienne : "
De mon temps, on savait vivre..." Vous vous faites rembarrer illico presto sans réclamer votre dû.
Au moins, à la fin des projections de la Cinémathèque, il ne vient à l'idée de personne de rallumer son portable pour consulter frénétiquement sa messagerie ou pour constater anxieusement si quelqu'un a tenté de vous joindre. Personne ne dispose de portable ou du lecteur mp3 dernier cri. La sortie est donc plutôt calme. les spectateurs prolongent le débat en discutant avec nostalgie de l'époque où ils ont assisté pour la première fois à la projection du film qu'ils viennent de voir au Gaumont Palace (salle qui n'existe plus depuis le milieu des années 70) D'autre part, la séance suivante est prévue une demi-heure après celle qui vient de s'écouler. Je pensais qu'il s'agissait du temps de charger et de vérifier le prochain film qui sera projeté. Après informations auprès des personnes compétentes, cet intervalle correspond en fait au temps nécessaire pour évacuer les spectateurs âgés de la salle. Et le pire, c'est que la Cinémathèque n'est pas équipée de moyens d'accès pour les personnes à mobilité réduite (contrairement aux multiplexes dont la population spectatorielle est moins âgée... Encore un paradoxe bien français) Je ne dis pas qu'il faille instaurer une infirmerie afin de prodiguer les premiers secours en cas de malaise ou d'indisposition (encore que ça peut toujours servir, ne serait-ce que pour prendre un cachet contre le mal de gorge provoqué par la climatisation), mais de mettre un escalator par ci et un ascenseur par là afin de ne pas transformer l'accès aux salles en parcours du combattant.
Décidément, le spectacle est autant dans la salle que sur l'écran...

jeudi 25 octobre 2007

Remontons les Champs Elysées


Grand événement dans ma vie de cinéphile : j'ai enfin vu un film à la Cinémathèque Française... Je n'y avais jamais mis les pieds depuis son installation à Bercy, autrement que pour aller à la librairie (je recherche d'ailleurs toujours activement les mémoires du réalisateur français Edmond T. Gréville intitulées 35 ans dans la jungle du cinéma. Un forte récompense sera attribuée à quiconque me fournira des éléments permettant l'arrestation de cet ouvrage épuisé...) et aux toilettes (une envie pressante m'a un jour saisi alors que je me trouvais dans le quartier). mais pour voir un film, niet ! Je n'allais déjà quasiment jamais à Chaillot, ni aux Grands Boulevards... alors Bercy, vous pensez bien que c'est pas mon terrain de chasse. Inaugurée en septembre 2005, des rétrospectives consacrées à David Cronenberg, Jean Renoir, Douglas Sirk, Edmond T Gréville, Sidney Lumet, George Cukor, Anthony Mann, Roberto Rossellini, Terence Fisher, Preston Sturges ou King Vidor ont été organisées sans que je daigne me déplacer dans cet immeuble dessiné par Frank Gehry. Tu parles d'un cinéphile !
J'ai donc fait mon baptême de la Cinémathèque en ce jour d'automne. Pour me "dépuceler", j'ai visionné un film de Sacha Guitry (que les esprits mal tournés ne mettent pas en doute une orientation sexuelle exclusivement tourné vers le sexe opposé, à savoir ces femmes que Guitry savait si bien séduire et railler) : Remontons les Champs Elysées. Je m'étais fait la promesse de voir des films de Guitry dans cet écrin. Comme je ne fais pas de politique, j'ai donc tenu ladite promesse (de toute façon, si je ne l'avais pas tenue, je n'aurais à rendre de comptes à personne d'autre qu'à moi-même). Ce fut une expérience rafraîchissante et rajeunissante... En faisant la queue devant la salle Henri Langlois, je me suis demandé si je n'étais pas au service gériatrie de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Le nombre de cheveux blancs, de dos voûtés et de bas varices était impressionnant. Si je n'avais pas un profond respect pour le troisième (ou quatrième) âge, j'aurais dit que ça sentait un peu la naphtaline... Du coup, je me sentais bien plus jeune, avec ma trentaine fringante, moi l'enfant du vingtième siècle finissant côtoyant des personnes du vingtième siècle balbutiant... Dire que je me plaignais devant mon miroir des trois poils blancs qui se battent en duel dans mon abondante chevelure bouclée de couleur chataigne (j'utilise le shampooing Ultra Doux de Garnier depuis deux mois et je trouve qu'il prend mieux soin qu'Elsève de L'Oréal qui avait tendace à assécher mon cuir chevelu. En revanche, je ne suis pas trop fan de Fructis) Mais j'admire la population âgée... La preuve ? Dans L'Odyssée, un de mes personnages préférés était Nestor, un compagnon d'Ulysse dont la sagesse avait avantageusement survécu au poids des ans. Au moins, je pouvais être sûr de ne pas subir de concurrence déloyale pour faire du charme aux ravissantes ouvreuses (à la Cinémathèque, ce sont des ouvreuses, alors qu'au cinéma, elles se font appeler "hôtesses") qui officiaient dans cet antre de la cinéphilie. Un autre détail capillaire m'a frappé : elles sont toutes brunes. Le règlement intérieur de la Cinémathèque doit spécifier que les blondes ne sont pas admises à travailler en son auguste sein. Si ce n'est pas de la discrimination, cela y ressemble férocement.
Après ces futiles observations, je pénétrais enfin dans la salle Henri Langlois, du nom du fondateur de la Cinémathèque, pour assister à la séance. Belle salle en forme d'amphithéâtre, aux sièges confortables avec de la place pour allonger les jambes (à croire qu'ils ont étudié l'aménagement en fonction d'un public d'octogénaires) Premier choc : pas de pub pour la dernière Playstation ou pour les M&M's, ni bandes annonces assourdissantes des derniers blockbusters à venir. Juste la surface blanche d'un écran dissimulé derrière un rideau bleu nuit...
Un mot sur le film. Remontons les Champs Elysées est l'ancêtre des fresques historiques de la fin de la carrière de Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté et Si Paris nous était conté. Le maestro compose une libre adaptation pleine de tendresse de l'avenue des Champs Elysées depuis sa création au XVIIème siècle jusqu'à nos jours (du moins jusqu'à 1938, date de la réalisation du film). Les traits d'esprit sont nombreux et les dialogues prennent parfois un sens savoureux si on les remet dans un contexte plus contemporain. Ainsi, le narrateur prononce au sujet de Concini, maréchal particulièrement détesté chargé par Marie de Médicis de tracer à travers bois d'un chemin menant du château de Versailles au Louvre, une phrase que n'aurait pas renié certains responsables politiques actuels : "La France a la fâcheuse tendance de garder auprès d'elle des étrangers dont elle pourrait aisément se passer" Sacha Guitry, qui interprète ici plusieurs rôles (comme dans un de ses films historiques précédents construits sur la même structure, Les Perles de la Couronne) porte comme à son habitude les habits du narrateur, un professeur de mathématique affublé d'une coiffure péroxydée du plus bel effet...
Je ne pense pas que j'attendrais d'avoir des cheveux blancs pour retourner à la Cinémathèque...

vendredi 19 octobre 2007

C'est sans danger !

Dans Sicko, Michael Moore a dénoncé les dérives du système de santé américain en le comparant avec celui de différents pays européens. Il a notamment vanté les mérites du système de santé de Sa Très Gracieuse Majesté (les rosbeefs qui nous ont administré une méchante déculottée en rugby en demi-finale de la coupe du monde) dans lequel les gentils patients sont bien soignés, ne paient rien (on leur rembourse même leur frais de transports) et n'ont pas (trop) de délais d'attente... Bref un monde idéal !
Ce reportage passé sur France 2 la semaine dernière vient contredire la vision idyllique de mister Moore. La pénurie de dentistes dans le secteur public contraint les souffrants d'opérer (c'est le cas de le dire) à une automédication bien radicale... dont je vous laisse le soin de découvrir la recette (au cas où vous voudriez l'appliquer)


Jt france 2 du 15-10-07
envoyé par Th0mm

Ça me rappelle la scène de torture dans Marathon man (qui m'a bien traumatisé dans ma prime jeunesse) pendant laquelle un ancien nazi (interprété par le génial Laurence Olivier) martyrise un coureur de marathon (raconté comme ça, ça fait vraiment film de série C') pour qu'il lui révèle où sont cachés certains diamants en répétant juste cette interrogation : C'est sans danger ?


PS : au fait, le marathon man en question, c'est Dustin Hoffman... et en plus, il y a New York dans un de ses plus beaux rôles. Mais le film ne fait pas une bonne publicité aux dentistes.

Deborah Kerr (2)

Chef d'oeuvre absolu !





Deborah Kerr (1921-2007)

Deborah Kerr est décédée. Je l'ai beaucoup aimée dans les chefs d'oeuvre de Michael Powell et Emeric Pressburger (Colonel Blimp, Le Narcisse noir). Finesse et délicatesse (des traits et du talent) sont les premiers mots qui me viennent pour évoquer cette actrice. Elle m'a souvent fait de la peine car elle se faisait souvent larguer dans les films... Aujourd'hui, c'est elle qui nous largue... et c'est le cinéphile qui a un grand chagrin d'amour.
Petit hommage en images.








jeudi 18 octobre 2007

Guitrythèque


Ouverture de la "rétrospective intégrale de la mort" de Sacha Guitry à la Cinémathèque (pour plus d'informations, c'est ici que ça se passe) Pour ma part, la grève des transports va m'empêcher d'honorer aujourd'hui de ma présence les salles Georges Franju et Henri Langlois. Dommage, il y avait des films que je n'avais pas vu (et par voie de conséquence que je désirais voir), tels que Bonne chance ! ou Pasteur. Voici donc mon programme en images (en plus, bien entendu, de l'exposition qui lui est consacré)








Clin d'oeil



vendredi 12 octobre 2007

Ma femme est un violon

Ce film de Pasquale Festa Campanile est revenu frapper à la porte de mon esprit ce matin... Passé sur ARTE il y a quelques années, vu et enregistré... Mais ne me demandez pas où diable j'ai bien pu fourrer la cassette !
Une comédie italienne des années 70 (à ne pas confondre avec la comédie italienne des années 60... on discutera des nuances plus tard) dans laquelle l'érotisme se mêle à la musique dans une ambiance post-surréaliste freudienne (ça veut rien dire, mais ça en jette...)
En voici le résumé que j'ai piqué sur le site de Première :
Un violoncelliste las d'une existence confiné dans un anonymat étouffant découvre que l'admiration suscitée par la beauté de sa femme rejaillit sur lui. Il décide de l'exiber en public afin d'en tirer une gloire personnelle, jusqu'au jour où lui-même ne peut plus résister à tant de charme.
Quand on a une femme comme Laura Antonelli, on aurait tort de la séquestrer comme un oracle... d'autant plus que ses formes rappellent le fameux violoncelle de Man Ray...


PS : ce message est une spéciale dédicace à qui se reconnaîtra...

jeudi 11 octobre 2007

Au bonheur des dames


Mon premier jour en tant que "vendeuse" en confection féminine est aussi le dernier... Apparemment, au Printemps, ils attendaient une fille et ils voient débarquer un Apollon. Pourtant, je m'étais rasé ce matin... J'aurai dû piquer le parfum de ma soeur, ils n'auraient vu que du feu... Ensuite, on me dit que je ne respecte pas le code couleur des vendeurs. Le code ? Quel code ? Je ne suis pas venu passer mon permis de conduire... En fait, il fallait s'habiller de noir et j'arrive paré d'un superbe pull avec un col en V d'un kaki du plus bel effet.
Le barrage est enfin passé... Je peux à présent me jeter dans la fosse aux lions.
Etape n°1 : plier les vêtements. Le rapport de la viste médicale a omis de signaler une malformation congénitale : j'ai deux mains gauches avec trois pouces à chaque main. Autant dire que j'ai complètement retourné leur bel ordonnancement !!! Les trois Marx brothers, Jerry Lewis et Benny Hill dans le même corps... c'est bibi !
Etape n°2 : encaisser. 8 codes à taper, 4 codes barres à scanner, 70 boutons à presser, le tout enrobé d'un joli sourire Ultrabrite... Bien sûr, la cliente, dans son infinie bonté, a daigné plier le haut qu'elle venait d'acheter.
Etape n°3 : vider les cabines d'essayage. On ne m'a pas précisé qu'il ne fallait pas que je m'introduise dans lesdites cabines lorsqu'il y avait quelqu'un à l'intérieur J'ai joué au videur de boîtes de nuit (Faut pas rester là, mademoiselle, c'est une cabine pour VIP). Je devais simplement remettre en rayon les vêtements volontairement laissés en cabine par les clientes. La prochaine fois, elles feront attention au vocabulaire qu'elles emploient.
Vous critiquez, vous critiquez, mais je voudrais bien vous y voir à ma place... Vous croyez que c'est facile de taper un code barre avec les yeux rivés sur le décolleté d'une charmante cliente ou sur le popotin d'une gentille vendeuse qui se penche délicatement pour ramasser les gilets que j'ai malencontreusement fait tomber.
J'ai dû me faire griller dans mon travail d'observation car je suis passé directement à l'étage supérieur dans lequel m'attendaient des femmes ménopausées au crépuscule de leur longue vie. Belle invention que le fond de teint et le maquillage pour cacher les effets du temps sur des visages fatigués. Lorsque ma chef m'a dit que je devais filer un coup de main à Nadine, Josiane et Colette, mon enthousiasme a baissé de plusieurs crans. Avec des prénoms pareils, elles n'auraient pas dépareillé dans le fan club des Chiffres et des Lettres du Croisic... J'étais si bien avec Anna, Nathalie et Céline, les drôles de dames de l'agence Elite... Je veux y retourner !!! Du coup, c'est avec un profond soulagement qu'on m'a annoncé que ma mission ne serait pas reconduite au-delà de cet unique jour... Ouf, toute une après-midi à embrocher des vêtements avec un antivol avec Nadine, ça suffit...
Et voilà pour ma version personnelle d'On a tout essayé...

Le Détail qui tue

Aujourd'hui, rentrée des classes... en l'occurrence de la classe. Le Printemps m'attend en automne. Prêt-à-porter féminin, tiens-toi prêt, j'arrive ! Je sens que je vais tomber amoureux toutes les trois minutes et je me prépare psychologiquement à garder ma contenance devant ces demoiselles élégantes en quête d'encore plus d'élégance.
Mais il m'est revenu une anecdote que je ne peux m'empêcher de conter ici-même. Le type de chez Adia, fort sympathique au demeurant, qui m'a appelé hier répondait au doux prénom d'Argento. Imaginez que vous recevez un coup de fil et que la personne qui se trouve au bout (du fil) vous dise : "Bonjour, c'est Argento... Là, je me suis mis à flipper... Dario Argento m'appelle... Il doit chercher un figurant à étriper pour son prochain giallo... Je vais me retrouver sur une table d'opération avec un chirurgien zombie qui trifouille dans mes tripes afin que mes entrailles puissent servir d'incubateur pour une colonies d'insectes porteurs d'un virus susceptible d'éradiquer toute trace de vie humaine sur la planète (pas mal, le scénario... à développer) Et non, il s'agissait tout bonnement d'aller vendre des des soutifs au Printemps.... Mais mon imagination est tenace. Peut-être voulait-il que je sélectionne les meilleurs spécimens féminins afin de les accoupler avec une race ultra-évoluée d'extra-terrestres qui prendrait la place de nous autres pauvres humains, qui nous extasions vainement devant un match de rugby une chope de bière à la main. Le titre serait Phantom of the Spring (spring = printemps pour les non anglophones). En tout cas, tout ça m'a donné envie de me taper Suspiria, de Dario Argento.
Bon, j'y vais... Je n'ai pas envie d'arriver en retard à mon rendez-vous amoureux...


PS : Fritz Lang a encore frappé... Hier soir, j'ai reçu un coup de fil (de Lucio Fulci cette fois, autre figure du giallo italien... je déconne bien sûr) d'une ex-collègue qui m'indiquait que la chargée de diffusion d'une boîte de production indépendante partait à la fin du mois et qu'elle me recommandait pour pourvoir à son remplacement. Bon faut qu'il se calme, Fritz... Sinon je n'aurai pas le temps de chroniquer ses films. En plus, il n'y est pas allé de main-morte le bonhomme. Les Nibelungen durent 4h45, La femme sur la Lune 2h36 et Les Espions 3h. Le tout en muet avec des intertitres en allemand... Bon courage !

mercredi 10 octobre 2007

Ange gardien

La magie de Fritz Lang a encore fonctionné. Quelques heures après avoir avais-je terminé avec l'écriture du surnaturel message précédent sur l'influence de l'esprit de Fritz Lang sur mon parcours professionnel que mon téléphone vibre (chez moi, il n'entonne pas le clairon à tue-tête, mais vibre discrètement), le mec de chez Adia m'appelle pour me proposer une mission de 3 jours au Printemps en tant qu'hôte de vente. Clou du spectacle : je suis affecté au rayon prêt-à-porter féminin. Il va falloir mettre mes penchants érotomanes en sourdine. Je dois être professionnel jusqu'au bout des ongles. C'est pas grand chose, mais ça va mettre des épinards dans mon beurre.
Je vous avais dit que ce gars là avait un pouvoir digne des X-Men. Et encore, je n'ai pas vu ses films. J'ai récupéré les DVD aujourd'hui pour les chroniquer avant la fin du mois. Quand je les aurais visionnés, je serai nommé Président de Warner Bros et j'aurai Hollywood dans ma poche droite et Cinecittà dans l'autre (fais gaffe, car les studios romains ont cramé cet été...) parce que le père Lang a la main chaude en ce moment.
Merci Fritzie !!!

Fritz Lang

Il arrive souvent arrivé qu'un film, une musique ou une oeuvre d'art vous accompagnent tout au long de votre vie et apparaissent à des moments importants de votre vie (une rencontre amoureuse, une rupture, un décès, que sais-je encore...) sans crier gare. C'est la magie de l'art que de provoquer des sensations que l'on peut relier à soi dans un rapport intime. Combien de cinéastes et de films ont été injustement et impitoyablement mis au ban de mon étagère à DVD (près de 250 titres tout de même) à cause d'un prof de fac dont la tronche ne me revenait pas lors de mes études de cinéma avant d'être réhabilités plus tard sur la foi d'éléments plus objectifs. Se taper un Angelopoulos ou un Atom Egoyan un mercredi matin à jeûn sur le coup de 9h a eu des effets néfastes sur la promotion des cinémas grec et arménien. J'ai même été dans l'obligation de sécher un cours entier pendant tout un semestre pour ne pas qu'un prof (doit-on encore utiliser ce terme générique pour certains profanateurs de sépultures ?) ne me gâche les films d'Alfred Hitchcock (sacrilège suprême !!!) J'ai un jour poussé l'insolence de venir avec 2h15 de retard à son cours qui dure 3h le mercredi matin (vous allez penser que j'ai un problème avec le mercredi matin et vous aurez probablement raison... sans doute une réminiscence des nombreuses heures à regarder à al télévision tous les dessins animés possibles et imaginables - surtout les plus violents - le jour des enfants) Et encore, j'ai trouvé le moyen de m'ennuyer ferme pendant ces trois quarts d'heure et l'irrépressible envie de sortir de la salle commençait à me tenailler dix minutes avant la sonnerie libératrice...

Je peux multiplier les anecdotes au sujet de mes études de cinéma, mais tel n'est pas le propos initial de ce message. Mais je vais me rattraper par les branches. En 6 ans de fac de cinéma, je n'ai posé qu'une seule fois mon séant sur les bancs de la cinémathèque universitaire (décidément, je suis fâché avec les cinémathèques en tout genre...) C'était lors de mon dernier mois d'étudiant avant d'être confronté aux affres de la vie professionnelle. Les bourreaux meurent aussi de Fritz Lang était projeté un mardi soir (si ça avait été un mercredi matin, je n'y serais sûrement pas allé... Entre Lang et Dorothée, mon choix est vite fait) la veille d'un entretien dans une grande école de cinéma (La fémis pour ne pas la nommer) pour un job complémentaire. Il passait également à l'époque (c'était en février 2001) un cycle sur ARTE consacré au réalisateur allemand. Les films diffusés étaient Les Nibelungen (tiens, tiens... comme on se retrouve...), Désirs humains (un remake de La Bête humaine de Jean Renoir, à moins que ce ne soit une adapatation du livre éponyme d'Emile Zola...), Furie (un chef d'oeuvre de 1936 avec Spencer Tracy dont le thème est le lynchage... un film fort et courageux de la part d'un cinéaste qui venait de débarquer aux Etats Unis et qui, au lieu de ne pas la ramener, balance un gros pavé dans la mare de ses hôtes... Vous me direz, quand l'immense Joseph L. Mankiewicz est à la production, on ne doit pas s'attendre à un quelconque film de commande) et Règlements de comptes (un grand film noir avec Glenn Ford et Lee Marvin que je recommande chaudement et dont je préfère encore le titre original, The big heat).

Figurez-vous que j'ai décroché ce job qui m'a fait décrocher (justement) des études de cinéma. Fritz Lang m'a tiré des griffes du DEA et de la recherche universitaire, impasse vers laquelle me menaient les études universitaires de cinéma. J'ai ensuite organisé un colloque représentant les directeurs d'écoles de cinéma du monde entier, puis occupé du bureau des festivals de La fémis avant de faire un long parcours en formation continue. TOUT ÇA GRÂCE A FRITZ LANG...

Vous allez trouver ça stupide, mais à chaque fois que je me suis retrouvé dans la situation d'avoir un entretien de boulot, je me suis arrangé pour voir un film de Lang (j'ai encore de la marge, il en a réalisé plus de 50). J'aurais pu trouver pire comme parrain, non ? Ainsi, moi qui suis le fils spirituel de M. Night Shyamalan qui voit des signes partout, y compris dans des paquets de Chocapic ou dans des champs de blé de Pennsylvanie), quand on m'a proposé un entretien dans cette organisation professionnele regroupant des scénaristes, je me suis procuré, après me l'être promis depuis longtemps, le diptyque qui clôture magistralement la filmographie de Fritz Lang, Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou afin de le voir enfin (et je me suis régalé). Pourtant, ma première rencontre avec Fritz Lang (comme souvent dans les rencontres marquantes) n'était pas forcément annonciatrice de l'idylle à venir... Déjà, je trouvais que Giorgio Moroder avait massacré Metropolis avec sa musique électronique et certains morceaux (mon jugement est beaucoup plus nuancé à présent qu'à l'époque où j'ai découvert cette version qui date de 1984) Et je m'étais planté à un examen dans lequel je devais analyser un extrait de M. le maudit pour mon premier partiel à la fac (bon, j'avais eu 14, mais je pensais vraiment que j'allais me taper une note en dessous de la moyenne...)... ce qui m'a valu deux semaines de flip complet. En plus, j'ai fait anglais première langue et espagnol en seconde... et l'allemand ne me servait qu'à ne pas être largué en regardant Papa Schulz... Je n'allais quand même pas apprendre la langue du pire ennemi des Français, le gardien de but allemand Harald Schumacher, qui, non content d'avoir abîmé la tronche à Battiston d'un coup de hanche en plein lors du fameux France-RFA de la coupe du monde de foot à Séville en 1982 (j'avais 9 ans à l'époque) a arrêté un pénalty qui envoie la France de Platini à la maison et l'Allemagne en finale (qu'ils ont perdu contre l'Italie.. bien fait !). J'avais donc un contentieux sérieux avec les Teutons... que Fritz Lang allait dissiper par la suite afin de consolider l'harmonie de l'axe franco-allemand.

Lorsque j'ai vu que figuraient parmi les DVD à chroniquer pour la revue dont je vous ai parlé un coffret dédié à Fritz Lang, j'y ai immédiatement vu un signe du destin, un présage heureux, un augure favorable. (Note à moi-même : penser à consulter l'Oracle de Delphes pour trouver une explication à ce mystère). Si Saint-Fritz se met de la partie, pour sûr que je le décrocherai ce job en janvier qui me fait tant rêver... En tout cas, je suis dans des dispositions mentales favorables... et ça, ça ne peut pas s'acheter avec une American Express.