vendredi 30 novembre 2007

Making of "Aware"




Tout s'explique à présent... Je me prépare à une vie successful maintenant que j'ai compris de quoi retournait Mister Aware...

Jean-Claude

Un blog qui se respecte ne serait pas un blog sans les inénarrables aventures de notre JCVD national (ben quoi, la Wallonnie veut se rattacher à la France, non ?), notre moviestar préférée.


Liza Minnelli

Vieillir peut nuire gravement à la santé... Le prochaine invitée de cette rubrique consacrée aux ravages du temps et de la chirurgie esthétique sera Elizabeth Taylor. NDLR : ceci n'est pas une rubrique exclusivement féminine (j'anticipe les reproches machistes qui ne manqueront pas de me tomber dessus)

Avant

Après

jeudi 29 novembre 2007

New York, New York





New York, New York est un de mes films fétiches. Tout d'abord parce que j'apprécie les films maudits de Martin Scorsese. Je suis en effet un des rares défenseurs et partisans de Gangs of New York, au-delà de l'hallucinante prestation de Daniel Day-Lewis. Mais la comédie musicale de Scorsese me touche particulièrement. Lorsque je l'ai revue récemment, je me souvenais des plans comme si j'avais effectué le découpage moi-même... Je me rappelais même des dialogues, ce qui est plutôt rare chez moi tant j'ai tendance à confondre malencontreusement les répliques de certains films avec d'autres. La performance de Robert de Niro est proprement impressionnante, d'autant plus qu'il a tenu à jouer du saxo lui-même. Il ne s'est pas totalement débarrassé de la paranoïa de Travis Bickle qu'il vient d'interpréter sous la direction de Scorsese dans l'exceptionnel Taxi Driver pour incarner le saxophoniste ambitieux amoureux de Francine Evans, la chanteuse qui deviendra une comédienne à succès. Le film dans le film Happy endings est un morceau d'anthologie qui me donne des frissons à chaque fois que je le vois. Pourquoi cette séquence plutôt qu'une autre tirée d'une comédie musicale de la MGM ? Tout simplement en raison de sa virtuosité technique et la nostaligie d'une époque révolue qu'elle véhicule. En outre, Liza Minnelli y est extraordinaire en Francine Evans, comédienne amatrice de fins joyeuses. Et dire qu'un distributeur inconséquent a coupé cette séquence lors de la première sortie du film. Quel sacrilège !!!
Pour finir, chantons ensemble l'hymne à cette grande ville fascinante...

Start spreading the news
I'm leaving today
I want to be a part of it, New York, New York
These vagabond shoes
Are longing to stray
And make a brand new start of it
New York, New York
I want to wake up in the city that never sleeps
To find I'm king of the hill, top of the heap
These little town blues
Are melting away
I'll make a brand new start of it
In old New York
If I can make it there
I'll make it anywhere
It's up to you, New York, New York.

I want to wake up in the city that never sleeps
To find I'm king of the hill, top of the heap
These little town blues
Are melting away
I'll make a brand new start of it
In old New York
If I can make it there
I'll make it anywhere
It's up to you, New York, New York.

lundi 26 novembre 2007

La Légende de Beowulf



L'heroïc fantasy est de retour sur les écrans. Après la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, dont je ne suis pas le plus acharné des fans, Robert Zemeckis franchit un pas de plus dans le spectaculaire avec Beowulf. Il utilise la technique du performance capture (dont il s'était déjà servi pour Le Pôle express) pour avoir plus de liberté artistique tout en gardant un niveau de réalisme élevé dans les expressions des acteurs. La technolgie n'a pas de limites : on arrive même à améliorer la plastique déjà parfaite d'Angelina Jolie à laquelle Zemeckis a donné des formes encore plus rebondies et les lèvres encore plus pulpeuses. Comment ne pas sombrer à la malédiction ? Je veux bien engendrer un monstre pour m'accoupler avec une telle sorcière... De toute façon, il y aura toujours un héros comme Beowulf (incarné, si j'ose dire, par Ray Winstone, l'âme damnée du diabolique Jack Nicholson dans The Departed de Martin Scorsese) capable de traverser les sept mers à la nage et de démolir un wagon de monstres marins pour mettre hors d'état de nuire (c'est-à-dire de le zigouiller) l'impressionnant Grendel. Une malédiction étant par nature cyclique, les climax viennent régulièrement dans La Légende de Beowulf. Après les méfaits de Grendel, un autre climax final conclut le film. La performance technique n'éclipse pas le plaisir pris à prfiter du film, même si l'esthétique rappelle celle du jeu vidéo. J'ai failli demandé à mon voisin de siège de me filer la manette et d'appuyer sur X pour dégommer le dragon... Mais les décors, effets spéciaux et personnages sont bien gérés et servent l'histoire plutôt que l'inverse.
Mais pourquoi le titre français insiste donc sur la légende de Beowulf plutôt que sur Beowulf himself. L'ignoble coupable est Christophe Lambert qui, dans sa folie post Highlander, a tourné dans un tas de bouses comme Fortress, Face à face, Mortal kombat... ou encore Beowulf, l'adaptation futuriste de la légende dont voici la bande annonce ci-dessous.



On comprend mieux pourquoi les distributeurs français ont voulu se démarquer de cette référence encombrante qui a fait le bonheur des vidéo clubs de France et de Navarre avant l'avènement du DVD. Bon allez, voilà l'affiche pour la route.


dimanche 25 novembre 2007

Pier Paolo Pasolini

"Ceux qui comme moi ont eu le destin de ne pas aimer selon la norme finissent par surestimer la question de l'amour. Quelqu'un de normal peut se résigner - quel mot terrible - à la chasteté, aux occasions manquées ; mais chez moi la difficulté d'aimer a rendu obsessionnel le besoin d'aimer ; la fonction a hypertrophié l'organe, alors que, dans mon adolescence, l'amour me semblait être une chimère inaccessible."

vendredi 23 novembre 2007

Charlize Theron

En plus d'être une actrice talentueuse et exigeante, elle est vraiment canon... L'Afrique du Sud peut être fière de Nelson Mandela, de son équipe de rugby, championne du monde en titre, et de Charlize qui a obtenu l'Oscar de la meilleure actrice en 2004 pour son interprétation d'une tueuse en série dans Monster de Patty Jenkins, rôle pour lequel elle a pris 15 kilos et s'est considérablement enlaidie.

Elle est encore plus jolie sans maquillage dans Dans la vallée d'Elah, car à sa beauté naturelle s'ajoute un charme incomparable.








Los Tres entierros de Melquiades Estrada

Le film réalisé pour le grand écran par Tommy Lee Jones lui a valu le prix d'interprétation masculine et celui du meilleur scénario (pour Guillermo Arriaga, scénariste attitré d'Alejandro Gonzalez Iñarritu) Un rapport morbide à la mort lié à la culture mexicaine, comme l'illustre les films d'Iñarritu ou de son aîné Luis Buñuel lors de sa période mexicaine.

Dans la vallée d'Elah


Tommy Lee Jones ! La sobriété est de rigueur (c'est le cas de le dire) pour exprimer sa performance dans le dernier film de Paul Haggis, Dans la vallée d'Elah. du meilleur acteur est toujours Une sobriété à l'égale de sa retenue dans son interprétation. Prononcer son nom suffit ! Espérons que la bouche de Helen Mirren (le saviez-vous ? le récipiendaire de l'Oscar est généralement l'actrice ayant reçu l'Oscar de la meilleure interprétation féminine l'année précédente...) formera les 4 syllabes qui composent son patronyme lorsqu'elle décachettera l'enveloppe qui recèle le nom du winner of the best actor academy award et donnera un petit frère à celui qu'il a obtenu pour son second rôle Le Fugitif en 1993 (à ce sujet,.le terme best supporting actor est plus gratifiant que son injuste traduction française "meilleur second rôle" qui a une connotation péjorative...) Son visage est un paysage sur lequel se reflète des sentiments infiniment nuancés. Si je devais utiliser une métaphore moins poétique, je dirais que son visage est plus fripé que le cul d'une vieille. Chaque ride raconte une histoire. Les cernes sous les yeux (on aurait dit un champ labouré) sont plus efficaces que n'importe quel dialogue, aussi brillant soit-il, pour faire passer la douleur d'un père, l'expérience désabusée d'un ancien militaire, sa méfiance vis à vis des autorités... Comme le disait si bien Maxwell, ce n'est pas la peine d'en rajouter (les fidèles lecteurs de cette tribune penseront que je radote en utilisant à nouveau cette formule, mais elle est tellement vraie) Clint Eastwood, pour qui Paul Haggis a écrit les scénarios de Million dollar baby, Flags of our fathers et Letters from Iwo Jima et qui fut le premier choix du réalisateur pour le rôle de Hank Deerfield, partage cette opinion selon laquelle le moins peut rapporter plus.
Au fait, autour de l'astre Tommy Lee Jones, tourne en orbite un film intitulé Dans la vallée d'Elah, une oeuvre évoquant le retour en permission des combattants américains en Irak. Sujet polémique s'il en est alors que le conflit est encore en cours actuellement. Le film fait partie de cette vague de films politiques américains critiquant l'absurdité de cette guerre construite sur les mensonges de l'administration Bush qui a envoyé les propres enfants de l'Amérique dans un conflit créé pour des intérêts particuliers. La présence de Susan Sarandon dans ce film doit autant à son talent qu'à son engagement politique de longue date au côté de son mari Tim Robbins. Quant à Charlize Theron, elle prête son joli visage (qu'elle présente sans fards, ni maquillage) et son talent à un agent de police chargé de mener l'enquête sur la disparition d'un soldat en permission aux côtés du père du présumé déserteur.

Petit aparte. A chaque fois que je vois un film engagé, la musique de Bloodhound gang retentit à mes oreilles. Fire waterburn a été utilisé par Michael Moore dans Bowling for Columbine et me semble particulièrement adaptée pour qualifier les errements américains actuels.





The roof, the roof is on fire
The roof, the roof is on fire
The roof, the roof is on fire
We don't need no water, let the mother fucker burn
Burn mother fucker, burn


Je vais à présent convoquer John Ford en conclusion de ce billet pour rendre hommage à Tommy Lee Jones. Lors d'une interruption de tournage d'un de ses films (je ne me souviens plus lequel) provoquée par la pluie, son assistant lui demande ce qu'il comptait faire. Ford lui répond alors : "Je vais filmer la plus belle chose qui existe : le visage d'un homme." La phrase n'est pas exacte car extraite des limbes de ma mémoire gruyère, mais est assez éloquente.

mardi 20 novembre 2007

Excessif

Après ma fructueuse collaboration à La Gazette des scénaristes, j'ai eu l'insigne honneur d'apporter ma contribution à un nouveau média dont le sujet est le cinéma : Excessif.com, le premier quotidien de cinéma et du DVD sur le net. Je suis en effet l'auteur d'un petit article dans la cadre d'un débat sur la vague du film politique américain actuel. Faites moi part de vos remarques après en avoir pris connaissance ici.
Une grande carrière de journaliste m'attend (peut-être)

My sweet lord

SPECIALE DEDICACE POUR MON AMI MIMICHE...

vendredi 16 novembre 2007

La Vie des autres

Voici le film événement de l'année, celui dont tout le monde a parlé jusqu'à se déssécher les cordes vocales. Les observateurs se sont répandus en éloges au sujet d'un jeune cinéaste allemand (dont c'est le premier film !!!) dont le nom est à retenir : Florian Henckel von Donnersmarck (lorsqu'il se présente à une soirée et qu'il donne son nom, il se voit sûrement répondre : "N'entrez pas tous en même temps") Il a dû aménager une salle pour exposer toutes les récompenses qui lui ont été attribuées : Oscar du meilleur film étranger, Golden Globe, Prix de la meilleure mise en scène, du meilleur acteur, du meilleur second rôle masculin, de la meilleure photo, des meilleurs décors et du meilleur scénario aux German Awards, Prix Satyajit Ray au London Film Festival, Clef d'Or de la meilleure musique de film au festival d'Auxerre (tiens, je ne connaissais pas ce festival...), quatre Prix du public lors des festivals de Locarno, de Vancouver, de Varsovie et de Pessac. C'est la femme de ménage qui va avoir du boulot pour astiquer toutes ces statuettes et épousseter tous ces diplômes. Un film qui mêle l'histoire intime avec la Grande Histoire. Le premier film qui s'intéresse à la Stasi, la police politique est-allemande, qui espionnait tout ce qui tenait sur deux pattes.
Bref, un film à voir absolument... et que je n'ai pas vu au cinéma à sa sortie (la teuhon !!!) Pourquoi ? Je n'étais pourtant pas exilé sur Mars cette année (c'est prévu pour plus tard, car j'envisage de m'inscrire sur la liste d'attente de Virgin Intergalactic pour m'envoyer en l'air...) C'est vrai que je me méfie comme de la peste des films dont le titre contient "la vie." Mais ce n'est pas un argument valable. Ma méfiance naturelle envers les films qui font l'unanimité a fait le reste (voir billet sur Match point) Puis le temps a fait son oeuvre et je me suis résolu à attendre la sortie DVD pour découvrir enfin ce film.
Et je n'ai pas été déçu. Je n'ai rarement vu un film dans lequel l'interprétation de TOUS les comédiens était aussi impressionnante. Aucune faille dans leur jeu, subtilité dans leurs attitudes, maîtrise totale des émotions, tout y passe dans l'intérêt du film. Aucun ne tire la couverture à lui et chacun rend l'autre meilleur. Il faudrait tous les citer jusqu'au dernier figurant pour leur rendre justice. Une telle conjonction de talent sur 2h17 est rare. Il faut dire que le film en vaut la chandelle. Un pan de l'histoire de l'Allemagne (de l'Est) est enfin livré au public. Les premières minutes sur un interrogatoire de la Stasi expliqué aux étudiants donnent le ton du film. Mais lorsqu'un agent des services secrets (le regretté Ulrich Mühe, décédé en juillet) espionne un auteur de théâtre et sa femme comédienne, il est très vite fasciné par ce couple d'intellectuels aux idées subversives, bien qu'ils aient les faveurs du régime. Quelque part, le film m'a fait penser à une sorte de Dernier métro à la teutonne (encore un film multiprimé), où le monde du théâtre croise celui de la Résistance, tout en gardant sa singularité. Les Allemands sont plus doués que nous autres mangeurs de grenouilles pour faire leur examen de conscience.
En tout cas, je regrette de ne pas l'avoir vu en salles. Je me suis privé de sublimer les émotions nées du film par une projection idéale en public. It won't happen again... Désormais, dès que la presse évoquera un film en le qualifiant d'événement ou de choc de l'année à ne rater sous aucun prétexte, je courrai docilement vers la première salle de cinoche venue (en mettant un mouchoir sur mon sens critique et mes préjugés) pour voir le fameux film que si tu le rates, la honte s'abattra sur toi et ta famille... Dorénavant, je me fierai à la pensée unique de sa Majesté les médias touts puissants.
Petite note : cette critique teintée d'ironie n'est pas valable pour La Vie des autres qui vaut vraiment le coup. Il faut bien une exception qui confirme la règle...

mercredi 14 novembre 2007

The Kingdom

Un film d'action dans le Moyen Orient, un attentat meurtrier en Arabie saoudite, une équipe du FBI chargée d'enquêter sur place pour retrouver le coupable, un choc des civilisations entre Américains et Musulmans... Tout ça sentait le film impérialisme à pleines narines. Et pourtant, Le Royaume (en l'occurrence celui d'Arabie Saoudite) n'est pas un film à la gloire de l'Amérique, mais critique à bien des égards la politique de l'Oncle Sam au Proche Orient. La séquence finale remet tout le film en perspective en renvoyant dos à dos les sentiments de vengeance des deux parties qui engendrent les plus grandes tragédies.
Le Royaume fait penser par moments à La Chute du Faucon noir, de Ridley Scott (2002), un film qui évoque le traumatisme du débarquement américain en Somalie afin de débusquer les chefs de guerre somaliens, dont le général Aïdid. Mais présenter Riyad, la capitale de l'Arabie Saoudite, comme une poudrière aussi dangereuse que Mogadiscio ou Bagdad est un contresens politique et historique. L'Arabie Saoudite est certes un pays dans lequel la sécurité n'est pas forcément toujours assurée, mais c'est loin d'être la zone de non-droit décrite. En tant que gardien des lieux sacrés de l'Islam, les terroristes fondamentalistes islamistes, pourtant sans foi ni loi, préservent ce pays de leurs attaques, même si celles-ci sont dirigées vers les intérêts étrangers sur le sol saoudien (comme dans le film qui s'inspire de l'attentat-suicide contre un complexe résidentiel américain à Riyad en 2003) A moins que le fournisseur officiel de pétrole de l'Amérique ne doit pas être présenté par les médias comme un ennemi de la patrie.
Le générique est hallucinant. Il place d'emblée le film sur un plan politique en retraçant l'historique des relations entre le royaume des Saoud et les États Unis de 1932 à nos jours. Ce mélange d'images d'archives et de graphisme donne le ton d'une histoire mettant l'accent sur les liaisons dangereuses et ambiguës entre Saoudiens et Américains contraints de collaborer pour le bien de l'enquête. L'amitié qui se créé entre le policier saoudien Al-Ghazi et l'agent du FBI Ronald Fleury (impérial Jamie Foxx) bat en brèche le manichéisme habituel et relativise la toute puissance américaine qui n'est valable qu'en cas d'une collaboration fructueuse et basée sur la confiance.
En résumé, il faut voir The Kingdom dans une salle obscure (la salle 6 de l'UGC Ciné Cité des Halles est idéale) car il s'agit d'un film d'action qui maintient un niveau de tension fréquent. Le générique, ainsi que l'attentat et la "black-hawk-down" séquence, valent le déplacement.



Bernard Pivot


En cette prériode de prix littéraires, la mission de chroniquer des livres de cinéma m'a été confiée par l'équipe de la Gazette des Scénaristes. Je suis monté en grade... Mon choix s'est porté sur Cinéma now, d'Andrew Bailey (éditions Taschen), dont vous pouvez lire une critique sur le site de Première ici (pour mon propre compte-rendu, prière d'attendre patiemment la sortie en kiosque de La Gazette n°32 en décembre), et sur Entretiens avec Clint Eastwood, de Michael Henry Wilson, paru aux éditions des Cahiers du Cinéma. Un livre essentiel !

lundi 12 novembre 2007

Balle de match


Souvent, des amis me recommandent des films et je développe une résistance. "Tu dois absolument voir ce film, c'est un pur chef d'oeuvre" Et je repousse constamment. Petite parenthèse médico-psychologique : en regardant le "Magazine de la santé" de Michel Cymès sur La Cinquième à l'heure du déjeuner (et oui, je regarde des opérations à coeur ouvert en dégustant un pavé de rumsteack à point !), j'ai appris que le fait de repousser constamment les choses au lendemain porte le nom scientifique de procrastination. Je me suis découvert procrastineur en chef, quatre étoiles au Guide Michelin du repousseur de choses importantes à plus tard. Au-dessus de mes armoiries figure deux célèbres maximes d'Alphonse Allais : "Ne fais pas le lendemain ce que tu peux faire le surlendemain" et sa petite soeur "Si on ne travaillais pas le lendemain des jours de repos, la fatigue serait vaincue." Pour en revenir à mon propos, il m'arrive fréquemment de ne pas voir les choses qu'on me recommande, pas par défi ou manque d'envie, mais par flemme, peur d'être déçu par rapport à une unanimité que je redoute (j'ai toujours préféré ce qui divise à ce qui rassemble superficiellement, ce qui fait débat au consensus) et surtout en raison d'un orgueil mal placé qui fait que si on me recommande un film, j'aurais été privé du plaisir de sa découverte. En plus, je me mets inconsciemment dans la position psychologique de ne pas adhérer... Mais si malgré tous les garde-fous, j'apprécie... alors-là, je défends bec et ongles (même si je n'ai pas de becs et que je me coupe régulièrement les ongles pour d'évidentes raisons d'hygiène)
Dès sa sortie, tout le monde était dithyrambique au sujet de Match point, de Woody Allen, qui est sorti dans les salles obscures à un moment où j'avais énormément de boulot (oui, c'est déjà arrivé) Mon meilleur ami dont les conseils sont souvent judicieux m'a dressé un portrait élogieux du film. Une autre amie m'a également tanné pour que je le vois. Un groupe de pression s'est constitué pour que je visionne enfin ce film, comme s'il en allait de l'intérêt supérieur de la Nation en péril. Mais rien à faire... Pourtant, le DVD trônait sur mon bureau en me narguant. L'aguicheuse Scarlett Johansson me donnait l'impression de me faire des clins d'oeil complice pour m'inviter à voir sa performance dans le film. J'entendais à tout-va des phrases du style : "Tu verras, ça n'a rien à voir avec un Woody Allen traditionnel" J'avais pourtant pris la décision après l'horrible pensum représenté par la projection d'Anythong else (2003) de ne pas assister à la déchéance d'un cinéaste que j'admire. Son exil londonien devait lui apporter un second souffle, en traitant des thèmes plus noirs et cyniques (que ceux qui pensent que Woody Allen n'est qu'un clown complexé hypocondriaque érotomane devraient regarder Interiors ou Another woman qui ferait presque passer Ingmar Bergman pour Jerry Lewis...).
Après avoir assisté à la projection de son dernier film Le Rêve de Cassandra, je me suis enfin décidé à voir Match point. Je voulais voir le film matrice du drame cynique et arriviste allenien. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son dernier opus souffre de la comparaison. Match point m'apparaît en effet comme un film intelligent, à défaut d'être d'une grande subtilité, et digne d'intérêt. La mécanique de l'arrivisme est décrite avec beaucoup de sensibilité et les personnages sont remarquablement définis. En outre, il prend le temps d'installer son histoire et arrive à convaincre de l'inéluctabilité des actions du personnage principal. Et surtout, pas de happy end... Le crime paie. La Providence récompense ceux qui la tentent, même pour des raisons condamnables.
A contrario, Le Rêve de Cassandra, qui reprend pourtant le même schéma, s'essouffle rapidement et ne soutien pas la comparaison avec son aîné. La musique de Philip Glass essaie d'insister sur la parenté avec Hitchcock, mais devient redondante. Espérons que l'exil espagnol de Woody Allen lui permettra de se renouveler et de réaliser un film aussi surprenant que Match point. Et cette fois, je n'attendrai pas avant de voir ce film...

Don't be such a Cassandra !


Mighty Aphrodite (1995) est un des meilleurs Woody Allen des années 90 (avec Deconstructing Harry et Manhattan murder mystery) Il introduit dans ce film le choeur de la tragédie grecque qui commente ses actions. A un moment, Le personnage que Woody interprète se trouve en voiture avec Cassandre, la soeur de Pandore qui avait le don de prophétie mais sans pouvoir jamais convaincre, qui lui prédit mille mauvais présages. Woody lui dit alors : "Don't be such a Cassandra !" Elle lui répond alors : "But I am Cassandra..." C'était l'époque où Allen était inspiré par les muses avant de ne faire état de son talent que par intermittence.
12 ans plus tard, Woody Allen clôt sa trilogie londonienne avec Le Rêve de Cassandra, un drame dans la lignée de Match point (le deuxième film étant Scoop) Cette histoire de deux frères criblée de dettes qui se retrouvent dans un engrenage meurtrier n'est malheureusement pas aussi convaincante que la balle de match victorieuse de son premier film londonien. Un manque cruel de subtilité se fait sentir au cours d'une action qui est toujours prévisible. Du coup, l'attente se transforme en ennui. Woody Allen est comme Cassandra : il ne convaint guère. Pourtant, Ewan Mac Gregor et Colin Farrell se démènent pour élever ce film, mais en vain (même si le couple irlando-écossais fonctionne)
Woody Allen se débrouille toujours pour avoir un casting d'enfer sans que celui-ci soit mis en avant. Un film de Michael Bay avec Mac Gregor et Farrell aurait fait l'événement autour du duo, alors que dans le cas de Woody Allen, ils ajoutent leur nom aux nombreux acteurs qui ont fait une apparition dans ses films. C'est un cinéaste qui a un tel crédit (contrairement à ce que pourrait laisser penser la démolition en règle de Cassandra's dream les lignes précédentes, j'admire énormément son oeuvre) qu'il est plus important que ses acteurs. Peu de metteurs en scène peuvent en dire autant.

dimanche 11 novembre 2007

Bienvenue dans le monde réel



Y a trop de trucs à voir...

Excusez moi pour ce titre un peu "jeunesque" (j'ai horreur de l'expression "djeun's"), mais c'est celle qui me vient à l'esprit en jetant un oeil sur le programme des sorties ciné à Paris, et je ne parle pas des expos. Et moi quand il y a trop de choses à voir, je finis par ne rien voir.
Je vous laisse juge des sorties depuis deux semaines : un Gus Van Sant (Paranoïd Park), un David Cronenberg (Eastern promise, aka Les Promesses de l'ombre), un Paul Haggis (Dans la vallée d'Elah), le Naomi Kawase (La Forêt de Mogari), le film de Peter Berg (The Kingdom), le traditionnel Woody Allen (Le Rêve de Cassandra), le documentaire de Kevin Mac Donald sur Klaus Barbie (Mon meilleur ennemi), la rétrospective Sacha Guitry et celle de Gus Van Sant à la Cinémathèque... Et un Coppola qui sort mercredi prochain (Youth without youth) alors qu'il n'a pas tourné depuis 10 ans et pas réalisé un bon film depuis Dracula en 1992. Et puis il y a aussi un Ridley Scott avec Denzel Washington et Russel Crowe pour amuser la galerie (American gangster, un titre à la Brett Easton Ellis) Pour les amateurs de films d'horreur, il y a Saw IV. Et comme films "débiles", il y a Rush hour 3 et Supergrave. Seuls les films français qui se distinguent encore par leur discrétion (en termes de qualité, s'entend) Le Coeur des hommes 2 est la sortie commerciale du moment que je n'irai pas voir, sauf si on prend en ôtage ma petite nièce qui est née mardi dernier (photo au prochain numéro) Il y a enfin l'exposition Kiarostami-Erice à Pompidou qui me rappelle le temps lointain pendant lequel j'ai consacré un mémoire de maîtrise au cinéaste iranien.
On se plaint qu'il y a trop de films qui sont distribués chaque semaine dans les salles (environ 15 sorties par semaine) car des films pourris accaparent des salles pendant une semaine. Maintenant, je me plains de trop forte densité de bons films qui sortent. Tout ça pour me faire acheter une carte UGC Illimité pour voir des films dans les salles MK2...
Paris est vraiment une ville culturelle formidable. l'offre de films est immense, mais que dire de l'offre d'expos... En plus, on ne peut pas les rater, car il n'y a pas de séance de rattrapage en DVD. Elles ont un caractère unique par le regroupement de toiles d'un même maître regroupé dans un même endroit pour la première et unique fois. Il y a l'expo Courbet au grand Palais qui m'intéresse. Savez-vous que lors de sa visite privée au Grand Palais (on ne mélange pas les torchons et les serviettes), notre Président bien aimé s'est fait prendre en photo devant presque toutes les toiles, sauf L'Origine du Monde. Peut-être a-t-il craint que l'on fasse l'amalgame avec son célibat récent ou que ce soit un rappel douloureux de sa séparation avec sa douce moitié et des privations qui s'ensuivent (un peu de vulgarité n'a jamais tué son homme...) Une autre exposition crée l'événement : Arcimboldo au musée du Luxembourg. Si vous voulez acheter des légumes frais, il faut absolument s'y rendre. Sans compter l'expo Soutine à la Pinacothèque... Un ami m'a aussi conseillé de faire un tour au musée d'art moderne pour découvir l'oeuvre de l'Autrichien Alfred Kubin et celle de l'artiste finlandaise Hélène Schjerfbeck (un nom à coucher dehors), parfois appelée la "Kahlo du Nord".
Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs... et je sens que mon banquier va râler en voyant le trou dans ma comptabilité. Quelle belle invention, le découvert !!!